Chronique de Sauclières : Béziers entre nostalgie et avenir..

29/07/2017

Béziers/Narbonne, le temps d’un match amical à Sauclières

 

La date du 28 Juillet était cochée par les nombreux amoureux du club biterrois. Un retour à Sauclières, pour la symbolique et les souvenirs qu’ils procurent aux plus fervents supporters n’est jamais anodin. Un temple qui aura vécu des lettres de noblesse d’une période mythique pour la ville et ses 11 Brennus en guise de domination sur le rugby hexagonal. Pour le coup, l’idée ne pouvait qu’être accueillie avec bienveillance, les tribunes gorgées de soleil et copieusement garnies auront ravivé les mémoires du public héraultais. Quoi de mieux qu’un derby face à Narbonne, le meilleur ennemi, pour refaire l’histoire le temps d’un match, emmener la famille du plus grand au plus petit, et provoquer un plaisir non dissimulé au peuple Rouge et Bleu.

BLEU ET ROUGE DE CHAUFFE

Le choix de Sauclières était décidément une réussite. Dans les regards, les discussions et les yeux remplis parfois d’émotions, il n’en fallait pas beaucoup pour faire resurgir les innombrables récits et anecdotes ayant comme champ de bataille cet endroit si particulier, ses coursives, son couloir étroit dont tout le monde du rugby évoque encore sa crainte et ses rencontres disputées où la trouille était systématique pour l’équipe qui se déplaçait dans ce véritable temple biterrois. C’était un autre temps, une autre vision de l’Ovalie, une époque où l’ASB dominait son sujet et écrasait d’une certaine façon la concurrence. Le clin d’œil avec ce match amical était tout trouvé. Ce fut tout d’abord une belle mobilisation dans les tribunes, dans la lourde ambiance d’une fin de mois de Juillet caniculaire, Béziers s’était donné RDV pour son premier galop d’essai face aux audois, au cœur de la préparation physique, avec la convocation d’une trentaine de joueurs pour débuter sa saison. Un groupe volontairement rajeuni aussi dans son ensemble, afin de donner la chance à certains de montrer que les promesses peuvent déjà être tenues et démontrer quelques aptitudes sur le pré.

Et il ne fallait pas s’attarder du côté de la buvette pour les aficionados, puisque après quelques temps de jeu, et une ouverture sur le large, c’est l’arrière Lucas Daminiani qui faisait parler sa vitesse et son sens de l’évitement pour planter le premier essai de la rencontre. De quoi donner confiance à la jeune garde biterroise et prendre la mesure d’un derby qui n’avait d’amical que le nom pour certains. Les minutes suivantes furent longues pour les hommes de David Aucagne et David Gerard. Pourtant avec un vent défavorable, les narbonnais conservaient le ballon et multipliaient les temps de jeu. Une aubaine pour les locaux, afin de travailler le système défensif et l’organisation générale. Mais à ce petit jeu, les audois finiront par trouver la faille et l’ouvreur Stephen Brett, particulièrement inspiré, file entre les poteaux (7/7). Score de parité entre les deux formations, les premiers réglages et les combinaisons ayant eu le loisir d’être mis en situation avec des fortunes diverses.

Le temps pour les biterrois de remettre la main sur les débats, quelques gestes malencontreux viendront émailler la séance. Un plaquage à retardement par ici, des gestes déplacés par là et l’arbitre de la rencontre sera dans l’obligation de sévir côté visiteurs. Le premier jaune pour Benjamin Collet pour un en-avant volontaire à quelques mètres de sa ligne pour un essai imparable, puis dans la foulée pour l’ancien bayonnais Pelu Taele après un tampon à retardement sur Lucas Daminiani. Les narbonnais qui subiront le réveil biterrois, et après quelques jolis mouvements et de belles intentions, c’est Julien Blanc le demi de mêlée Rouge et Bleu qui s’arrache pour filer en dame et qui permet à l’ASB d’un soir de reprendre les commandements après la transformation de Thibauld Suchier (14/7). Le mauvais geste de la soirée sera pour les Orange et Noir, suite à une véritable agression qui ne s’imposait pas à l’endroit de l’omniprésent Julien Blanc, c’est Maselino Paulino l’imposant seconde ligne transfuge du LOU qui sera prié de quitter les siens définitivement avec un carton rouge. Simon Chevtchenko en valeureux capitaine étant venu prendre des nouvelles de l’intéressé écopera par la même occasion d’une biscotte histoire de calmer les esprits.

Le derby dans toute sa splendeur, ses parties de manivelles et une intensité palpable jusque dans les tribunes. Mais les acteurs étaient également présents pour peaufiner quelques lancements et préceptes, c’est le moment choisi par Elijah Niko, sur une action rondement menée, qui ira inscrire le 3 ème essai pour Béziers. Sauclières exulte et apprécie à sa juste valeur les efforts consentis, dans une ambiance toujours aussi conviviale (21/7). Narbonne ne dira pas son dernier mot pour autant, et un autre ailier marquera la rencontre de son talent, c’est l’ailier audois l’argentin Segundo Tuculet qui se mettra en évidence dès ses débuts, avec un essai de classe dans une défense héraultaise attentiste pour le coup. Les hommes du Racing relancés et qui démontrent par l’occasion leurs qualités offensives (21/14). Béziers vexé aussi par l’outrecuidance des joueurs de Christian Labit réagit immédiatement. Paul Champin, rentré à la mêlée, prend l’information et d’un astucieux jeu au pied offre l’essai à Sabri Gmir pour le 4 ème et dernier essai biterrois de la soirée (28/14).

 

VICTOIRE AU FINISH, CHALLENGE VAQUERIN DANS LE VISEUR

Pourtant en infériorité numérique, Narbonne n’abdiquera pas et va fournir le coup de rein nécessaire pour revenir à la hauteur des biterrois. C’est tout d’abord  Nick Strauss suite à un ballon porté qui viendra récompenser le travail de ses avants et Paul Belzons dans les ultimes instants, devant les yeux du papa en tribune, qui viendra parachever une action d’envergure. (28/28) le score d’égalité était de mise jusqu’au dernier effort biterrois et cette pénalité convertie par Rodney Iona face aux perches. 31/28 pour Béziers au final, une victoire au goût amer suite à la blessure de Marco Pinto-Ferrer touché au niveau du biceps et dont l’indisponibilité sera évaluée dans les prochains jours. Un match qui aura permis d’entrevoir le bon comportement de l’alignement biterrois et des séquences déjà ancrées voire habituelles dans le système offensif, dans l’utilisation et l’occupation sur l’aire de jeu. Les difficultés rencontrées en mêlée fermée ne sont pas rédhibitoires, encore plus dans un match de préparation où le mélange entre espoirs et expérimentés s’est fait parfois ressentir.

C’était l’occasion également pour les présents d’apercevoir les jeunes pousses du club qui ont porté pour la première fois le maillot ainsi que les nouvelles recrues telles Mathias Marie, Grégory Annetta, Jean-Baptiste Grenod et Roméo Balu. Le retour aussi de Jean-Baptiste Barrère peu épargné par les blessures la saison dernière, satisfait de la prestation des siens : « C’était un plaisir de retrouver les terrains après une grosse préparation. La sensation de compétition qui nous tardait un peu et tout le monde a répondu présent. » Avec dans l’esprit la belle opposition audoise, parfois virulente mais qui permet d’être mis assez rapidement dans le bain : « C’est ce qu’on s’était dit dans les vestiaires, nous savions que dans la stratégie et le jeu nous aurions quelques passages à vide logiques pour une reprise. Mais en terme agressivité et de combat il fallait être à la hauteur. Il faisait très chaud sur le terrain et je suis très heureux d’avoir retrouvé les copains. J’ai confiance en ce groupe, on doit tirer dans le même sens et les jeunes ont un vrai potentiel pour nous aider à franchir un palier.« 

Des propos confirmés par David Gerard, l’entraîneur biterrois y puise des motifs de satisfaction : « C’est une bonne chose pour la confiance surtout, mais nous étions conscients qu’avec un gros turn-over annoncé il y aurait parfois des errements. Mais les jeunes alignés ont fait le boulot et certains ont démontré qu’ils avaient le potentiel pour troubler les compositions d’équipes à venir. Pour une équipe qui n’a repris le rugby que depuis deux semaines, nous avons vu des mouvements très intéressants. La bataille a été très âpre et engagée. »  La prochaine étape déjà dans le viseur, avec au programme Nevers le promu qui vient de s’offrir Aurillac dans le Cantal. Une formation qui sera très compétitive selon le coach héraultais : « Nous allons resserrer le groupe au fur et à mesure pour travailler dans le détail. Il faudra faire un point sur les blessés et attendre certains verdicts. Pour le stage à Saint-Afrique et le match face à Nevers. Une équipe qui s’est largement renforcée, à fort potentiel face à laquelle nous allons nous jauger.«  Voilà fin du chapitre d’un match amical pas comme les autres. Sauclières peut refermer ses portes momentanément. Son livre d’histoire aussi. C’était sympa d’observer l’ancienne et la nouvelle génération se mêler ensemble dans cet antre. L’ASBH avait perdu son H pour une soirée, le temps de nostalgie et de souvenirs toujours dans le coin d’une tête. Un lien fort, historique, légitime et que tout amoureux du club ne peut occulter. Merci pour ce moment précieux, on en redemande sans hésitation. 

 

Rémy RUGIERO