Chronique de la Rambarde : le pays des pruneaux pour un menu copieux

10/02/2017

Le biterrois Steve Fualau au lancer lors de première manche victorieuse contre Agen (34-11) au mois d’Août 2016

 

Le sentiment du devoir accompli durant le mois de Janvier. L’effet immédiat sur le classement et l’éloignement de la zone rouge. Des comportements qui ne trompent plus et une confiance retrouvée. L’ASBH version 2017 s’est prise enfin en charge, et cela s’est vérifié sur les dernières rencontres. La débauche d’énergie salutaire, collective aura permis d’envisager placidement un prochain bloc démentiel à plus d’un titre. Quoi de mieux qu’un déplacement à Agen pour s’étalonner face à l’un des favoris du championnat. Et foncer tête baissée afin de préparer comme il se doit le prochain derby face à Carcassonne.

CONCENTRATION DE RIGUEUR

C’est le credo qui transpirait dans les couloirs durant la semaine au sein du club. Comme une crainte d’un relâchement coupable après avoir réussi à inverser une tendance calamiteuse. David Aucagne et David Gérard y ont veillé dès la reprise, sans perdre de vue le principal objectif afin d’appréhender les rencontres les unes après les autres. Le déplacement à Agen aussi compliqué sur le papier soit-il, doit donner l’opportunité aux biterrois d’y bien figurer. Comme lors de l’épique duel à Oyonnax quelques semaines auparavant. Sébastien Max, le centre biterrois nous l’explique :« C’est vrai que la zone rouge s’est éloignée. 7 points d’avance sur Vannes et Albi ce n’est pas suffisant, la saison étant encore très longue. Il faut rester intraitables à domicile comme nous l’avons montré ces derniers temps. » L’euphorie contre Aurillac est retombée. Tout le monde a basculé très vite sur les prochaines échéances. Pas le temps de s’enorgueillir sur les récents succès. Signe d’une prise de conscience affirmée et d’une réelle envie d’en découdre dimanche avec des agenais partants favoris :« Agen est une équipe très dense » rajoute Sébastien Max :« Peut-être l’occasion de continuer à mettre en place nos ambitions que l’on souhaite pratiquer. Déplacer le ballon, faire des passes après-contact, chercher les extérieurs. Produire notre jeu sans se poser trop de questions. » La couleur est annoncée, l’ASBH ne se présentera pas en victime toute désignée, qu’on se le dise.

Pour rappel, les Rouge et Bleu malgré aucune victoire dans l’escarcelle à l’extérieur, présentent un bilan défensif très honorable. Meilleure défense à l’heure actuelle du championnat loin de leurs bases, les héraultais voudront défendre chèrement leur peau. « Nous n’y allons pas pour prendre le bouillon. Bien sûr qu’en face les arguments seront de qualité. Mais comme à Oyonnax dans des conditions particulières, le groupe a démontré ses valeurs et son opiniâtreté » nous a confié David Aucagne le coach biterrois. « Nous y allons pour continuer notre chemin et proposer la meilleure équipe pour contrer au mieux les agenais. » Sans pression démesurée comme l’évoque Sébastien Max :« La pression doit être positive. Nous sommes des compétiteurs et préparés pour disputer de tels matchs. Nous avons mis en place un système de jeu auquel tout le monde adhère et nous essayerons de continuer dans le même sens dimanche. » Fondamentaux bien sûr, mais système défensif aussi particulièrement rodé ces derniers temps, qui permet d’asseoir le travail effectué et de retrouver une sérénité trop longtemps aux oubliettes. Pour rappel, même si le contexte diffère et les conditions ne sont plus les mêmes, le match aller avait donné lieu à une rencontre particulièrement offensive, plaisante qui donnera certainement des idées aux protagonistes à Armandie ce dimanche. 

ARMANDIE, CITADELLE IMPRENABLE

Les Lot-et-Garonnais parlons-en d’ailleurs. La formation de Philippe Sella répond aux attentes placées en elle. Malgré un début de championnat poussif, le temps de digérer une relégation de Top14 et d’inclure moults changements au sein de l’effectif et du staff (Mauricio Reggiardo notamment), les agenais ont pris la mesure de la compétition avec une régularité impressionnante. Invaincus à domicile (32 points de moyenne inscrits, 3 bonus offensifs récoltés), meilleur bilan à l’extérieur (17 points à égalité avec Mont-de-Marsan et Biarritz), les signaux sont plutôt positifs avec une seconde place au classement pour les hommes du président Tingaud. La lutte s’annonce intense avec un peloton de qualifiables très fourni, et une première place convoitée comme jamais. Bien loin des aspirations actuelles biterroises certes, mais de quoi planter un décor pas forcément accueillant au premier abord. Pas de quoi partir résignés pour autant, Bakary Meïté se justifiant :« On doit gagner enfin un match à l’extérieur. L’équipe ne choisit pas et nous mettons la même intensité à chaque fois, que ce soit Agen ou une autre formation. Nous apprécions la possession du ballon pour installer notre jeu, si nous passons notre temps à défendre nous n’aurons aucune chance. » Il est vrai qu’à de multiples reprises, les agenais ont démontré qu’à domicile, leurs qualités de contre n’étaient plus à prouver. L’occasion aussi pour le 3 ème ligne de retrouver un grand ami Mike Tadjer, le talonneur Lot-et-Garonnais :« C’est l’un de mes meilleurs amis dans la vie. Au-delà de notre amitié, c’est un très bon joueur de rugby, ils sont prêts à nous recevoir mais pendant 80 minutes nous mettrons tout cela de côté ».

Un bloc qui s’annonce redoutable pour l’ASBH, trois déplacements délicats entrecoupé d’un derby face à Carcassonne et d’une réception de Dax. L’opportunité de s’installer davantage dans le milieu du classement et faire le trou sur les poursuivants. L’heure est aussi venue pour la cuisine interne. Celles des prolongations actées et à venir. Des départs qui seront annoncés dont celui de Lasha Lomidze pour cette fin de saison. De l’explication de l’audit mené par Fabrice Landreau dont David Aucagne a loué le travail pour améliorer l’environnement immédiat et proche de l’entité Rouge et Bleu. Mais l’actualité principale c’est Agen qui n’est peut-être pas la priorité vitale du moment mais quand bien même, on l’aura compris, personne ne comptera galvauder ce rendez-vous. Par esprit de compétition et par respect pour les très nombreux supporters qui feront le déplacement (à la louche plus de 150 avec la Banda Mescladis s’il vous plaît). De quoi motiver les troupes, confirmer une embellie ne serait-ce que dans les comportements. Comme l’a conclu Reda Wardi, le pilier gauche biterrois :« C’est les détails qui feront la différence comme toujours, face à une belle équipe d’Agen pas trop le droit à l’erreur. » Qu’il est loin le temps pour ceux qui étaient présents à Maurice-Boyau fin décembre, un déplacement à Dax, une énième défaite, une auto-gestion ubuesque pour un dénouement insipide. Et on ne peut souhaiter que cet état d’esprit perdure dans la durée, car le plus important sera toujours l’institution, qu’on se le dise aussi.

Rémy RUGIERO