Thibauld Suchier, en maître de cérémonie à Armandie dans l’animation et la concrétisation
Une saison sportive est décidément constituée de moments parfois formidables, d’instants décisifs, également de ruptures voire aussi de doutes. Cette victoire acquise avec la manière à Armandie ce dimanche force le respect. Malgré l’enfer promis aux biterrois, les hommes de David Aucagne et David Gerard ont parfaitement répondu présents. Maniant à merveille le vent dantesque en première période, préservant patiemment leur avantage par la suite, les Rouge et Bleu ont démontré qu’ils n’étaient pas à leur place. Un performance majuscule d’un groupe qui s’est définitivement remis à l’endroit et qui peut s’offrir une fin de championnat en adéquation avec son potentiel. Retour sur les coulisses d’un exploit.
LE VENT AVAIT DÉJÀ TOURNÉ
Durant la semaine de préparation, nous avions parlé d’un éventuel relâchement possible après un mois de Janvier ultra-positif dans tous les sens du terme. Une appréhension que craignait les entraîneurs, qu’ils ont tout de suite ciblé pour préparer comme il se devait ce déplacement qui ressemblait à tout sauf à une partie de plaisir. Le but était de garder tout ce monde sous pression, concerner l’ensemble des acteurs pour arriver frais dans les têtes et avides d’en découdre au coup d’envoi. La mise en place du samedi d’avant-match confirmait cette impression. Studieuse, autoritaire, précise chacun s’est employé à donner le meilleur comme lors d’un classique entraînement. Signes annonciateurs, comportements positifs, c’était factuel l’ASBH ne se rendrait pas en Lot-et-Garonne pour ramasser quelques pruneaux. Et ils avaient bigrement préparé le coup les héraultais. Le jour J démontrant une fois de plus, une concentration optimale de l’hôtel où séjournait les joueurs jusqu’à l’arrivée dans le vestiaire avec le bus. Tout le monde avait conscience du danger que représentait les agenais. Mais une dynamique s’est installée au sein du club. Une émulation prônée par le staff qui donne ses fruits bien avant le printemps. Rajoutez la présence massive de supporters biterrois et vous aurez tous les ingrédients pour passer un bon après-midi. On compris très vite aussi les intentions de Béziers.
Adossés au vent puissant, continu, à vous perturber la moindre tentative au pied, les hommes de Captain Battye avaient savamment construit leurs actions. Méthodiques, prononcées et avec beaucoup de clarté, le score gonfla irrémédiablement en faveur des visiteurs face à des agenais pantois devant tant d’ingéniosité. Cela évoquait parfois la dernière prestation face à Aurillac, dans le contenu et le déroulement des faits. Défense agressive, redistribution des joueurs efficace, mêlée fermée largement au RDV, les biterrois récitaient leur gamme et résistaient admirablement aux assauts agenais excepté l’essai de filou inscrit par Abadie. La seule véritable fausse note du premier acte, ponctué d’un essai quasi-collectif à vous arracher le gosier, sur un maul parfaitement exécuté qui semble redevenir une marque de fabrique. 19/5 en faveur de l’ASBH à la mi-tps sans la moindre contestation possible, Agen totalement amorphe et qui ne s’attendait pas à pareille riposte. Armandie commençait déjà à gronder. Et quand on revient en détail sur ces 40 premières minutes, comment ne pas mettre en exergue la prestation des avants. La mêlée fermée, particulièrement scrutée notamment face à de sacrés clients et des discours d’avant-matchs qui laissaient croire que les Rouge et Bleu allaient mordre la poussière. Il n’en fut jamais question, et dans les rangs des satisfactions, ce secteur de jeu fut déterminant à plus d’un titre.
BÉZIERS ARBITRE DE LA FIN DE SAISON ?
Comme prévu, les murs des vestiaires ayant dû trembler plus que de raison, les agenais prenaient les choses en main. Profitant de quelques erreurs défensives, d’une indiscipline parfois évitable et d’un sursaut d’orgueil, les joueurs de Philippe Sella appuyaient sur l’accélérateur. Malgré quelques opportunités, Béziers subissait logiquement et faisait le dos rond pour défendre le maigre pécule. Portés par leur public, les agenais sans être géniaux, inscrivaient deux essais supplémentaires pour passer devant au score pour la première fois de la rencontre. La crispation était redoutée, et le souvenir de rencontres qu’auront laissé passer les biterrois dans ce même contexte aussi (Narbonne et Vannes pour mémoire notamment). Mais voilà comme on vous l’a expliqué en préambule de cette chronique, la donne n’est plus la même. L’état d’esprit aussi, car tenir la baraque face à l’un des cadors du championnat chez lui n’est pas l’apanage du premier venu. Une fin de rencontre épique, irrespirable, tendue et excitante à la fois. Employez les termes que vous voudrez, mais ces dernières minutes devraient rester longtemps dans les mémoires. Sans concéder le moindre terrain ou presque, les titulaires ainsi que les remplaçants auront fait corps. Ensemble, le mot collectif étant mis à l’honneur dans ces instants cruciaux. Après une énième pénalité de Suchier, très inspiré au demeurant, les biterrois confisquaient la gonfle jusqu’à la victoire et le coup de sifflet final de Mr Praderie. Quel bonheur !
Le temps de réaliser ce qu’il était en train de se produire, l’émotion à son comble pour les présents à Armandie et les amoureux de la tunique Rouge et Bleu, c’est un véritable exploit qu’auront réalisé les biterrois. Pourtant après la liesse légitime et la communion partagée entre joueurs et supporters à vous filer le frisson, il était déjà l’heure de basculer sur la prochaine étape Pour ne pas galvauder ce résultat et poursuivre son chemin. Pour s’extirper de la zone rouge une bonne fois pour toute. Gagner à Agen, invaincu à domicile, intraitable sur ses bases, chapeau bas. Et avec la manière SVP. Mais déjà dans les têtes pour celui qui aura fait le déplacement, l’impatience guette. Celle de revoir les héros du jour à l’œuvre pour le dernier derby de la saison à la Méditerranée face à Carcassonne. Vous nous direz qu’il faut laisser le temps de savourer la victoire mais dans ce monde professionnel où les éléments peuvent se déchaîner dans la bonne ou mauvaise direction, se projeter déjà vers Carcassonne comme nous l’avons perçu dans les vestiaires est un signe fort. Celui d’une ASBH retrouvée, qui refait parler d’elle et qui mérite certainement un autre classement que celui d’aujourd’hui. Garnir les tribunes ce vendredi pour pousser les siens et confirmer l’embellie serait un moindre mal eu égard aux efforts effectués ce dimanche à Armandie. Dernier derby de la saison à la maison. Ils le méritent.
Rémy RUGIERO