Chronique de la Rambarde : l’envie légitime de poursuivre l’embellie..

30/03/2017

Elijah Niko face aux berjaliens lors de la victoire des biterrois sur la phase aller (34/17)

 

Pas le temps de s’enorgueillir du succès contre Colomiers, que l’obligation de basculer sur le déplacement à Bourgoin s’impose aux yeux du plus grand monde. Histoire de capitaliser davantage une année 2017 fertile en points et tenter de s’assurer un maintien qui n’est toujours pas mathématiquement acté. Face à des berjaliens en situation périlleuse sportivement et dorénavant dont l’extra-sportif occupe certainement tous les esprits, les biterrois auront l’opportunité de mettre sur la table leurs atouts actuels pour tenter un coup à Pierre-Rajon. La méfiance reste de mise face à des isèrois qui vendront à n’en pas douter chèrement leur peau. Décryptage. 

ASSUMER L’ANNÉE 2017

Le postulat est clair, par les résultats et la manière qui émanent dans chacune des prestations héraultaises depuis Janvier 2017, les biterrois ont changé de dimension, au point d’être considérés comme l’un des épouvantails de cette fin de championnat. Si le cheminement n’est plus à traduire, les efforts consentis sont payants et réguliers. Face à Colomiers, malgré l’adversité du dimanche, les Rouge et Bleu n’ont pas dérogé à leur actuelle ligne de conduite. Si l’alignement fut perturbé en début de rencontre, une certaine maturité voit le jour et le piège tendu par les banlieusards toulousains n’était pas assez sophistiqué pour entraver la bonne tenue des hommes de Davis Aucagne et David Gerard. Dans la recherche perpétuelle de mouvement, répondant à une caractéristique claire des avants, Béziers trouve son identité. Et peut-être assumer définitivement non pas un statut quelconque, surtout quand le maintien n’est pas assuré, mais bel et bien prolonger le plaisir. C’est l’état d’esprit qui sera affiché au coup d’envoi note David Aucagne :« On s’attend à un match rugueux. Certes nous sommes sur une phase ascendante, mais on continue à faire tourner l’équipe pour garder une certaine fraîcheur, car le match contre Colomiers fut très difficile. Tout le monde doit profiter du bon fonctionnement du groupe pour apporter sa pierre à l’édifice et être au RDV vendredi soir. » La principale motivation de ce déplacement ? « Il y a beaucoup de motifs à chercher, tout d’abord le maintien qui n’est pas acquis et voire même une qualification. Tout n’est pas acté dans un sens comme dans l’autre. » Entre deux chaises en fait, même si le plus dur semble être effectué, le staff biterrois met tout le monde en garde contre toute décompression, à commencer par ce déplacement du côté de Bourgoin.

Face à la lanterne rouge de la compétition, avec un bilan décevant à domicile (7 défaites), les berjaliens ressemblent à des victimes toutes désignées. Pourtant, au rugby plus que jamais, les forces en présence sont toujours remises en question d’un weekend à l’autre et si Béziers peut sembler favori sur le papier, il faudra mettre les ingrédients nécessaires pour s’éviter une déconvenue. Question de respect et d’un souvenir pas si lointain où les biterrois accompagnaient ces mêmes isèrois dans les profondeurs du classement. Mais qui peut interdire d’y aller avec une ambition ? C’est le credo que partage le troisième ligne Jonathan Best avant le voyage :« Si on veut franchir un cap il faut s’imposer. Pour confirmer nos dispositions et rattraper les défaites à la maison pour équilibrer notre bilan. Mais c’est un gros défi, Bourgoin donnera toute son âme, si nous passons au travers, on ne pourra s’en prendre qu’à nous-mêmes. » La vigilance est bien entendu dans toutes les esprits, personne ne peut se targuer dans ce championnat si décousu, d’être en mesure de remporter la mise à l’extérieur. Pour rappel, Aurillac et Montauban y ont laissé des plumes ces derniers temps face à des berjaliens soucieux de sortir la tête haute du championnat. Mais l’envie est palpable et une éventuelle victoire pourrait offrir d’autres perspectives outre qu’un maintien. Pour l’ailier Sabri Gmir, Bourgoin est une bête blessée qui peut réagir :« C’est une équipe qui a beaucoup d’envie en général, les histoires extra-sportives n’occultent pas leurs qualités. Ils voudront démontrer qu’ils ne sont pas à leur place devant leurs supporters et nous savons très bien qu’ils nous recevront comme il se doit. » Nous voilà prévenus, et même s’il fallait convaincre sur la difficulté récurrente d’un tel déplacement, garder la tête froide est une bonne chose dans le climat que traverse les Ciel et Grenat actuellement.

LE CONTEXTE BERJALIEN 

L’actualité n’est pas de toute quiétude côté Bourgoin. Toujours rattrapé par le sort, les finances et les dessous scabreux parfois d’une gestion calamiteuse, ce bastion historique parmi les joyaux du championnat connaît des heures sombres. Jamais totalement remis du départ d’un certain Pierre Martinet, les berjaliens éprouvent les pires difficultés à sortir d’un marasme qui ressemble à un fiasco sans précédent. Et qui peut l’achever définitivement dans les semaines à venir. L’histoire sans fin d’un éternel recommencent dont tous les aficionados du club souffrent en silence. Si le terme dépôt de bilan a été évoqué, il reste l’honneur des hommes et sportivement une fin de championnat à terminer pour faire oublier l’instant d’une rencontre un quotidien certainement irrespirable. Des familles et une institution sont en jeux, et l’effectif isèrois aura très certainement à cœur d’être opérationnel pour accueillir les héraultais. Contexte particulier, douloureux qui inévitablement interpelle. Jonathan Best qui revient par ailleurs sur ses terres l’explique :« Le vrai déclic c’est le départ de Pierre Martinet. Dans le bassin, la concurrence lyonnaise et grenobloise est forte. Économiquement, il sera difficile pour Bourgoin d’exister mais n’oublions pas la réputation de leur formation qui alimente d’autres écuries. J’ai un grand respect pour ce club, pour son histoire et ses hommes. Mais au coup d’envoi j’occulterai tout cela et je viendrai pour défendre le maillot biterrois sans me poser de questions devant ma famille et mes amis. »  Un constat lucide sur les difficultés d’exister dans une compétition professionnelle toujours plus exigeante en ressources et qui doit faire face elle aussi à la réalité économique du moment.

Néanmoins, Pierre-Rajon laisse un bon souvenir à l’ASBH avec notamment un succès acquis en fin d’exercice (19/22) la saison dernière suite à l’incroyable défaite face à Dax à domicile. Une rédemption à l’époque pour une fin en boulet de canon, mais qui laissera des regrets pour échouer aux portes des phases finales. Inutile de refaire l’histoire mais il est toujours utile de mettre en perspective cette expérience pour se focaliser sur cette étape qui ne sera pas aisée soyons en sûrs. Steevy Cerqueira, le seconde ligne, donne les clés de la rencontre :« Il faut mettre l’accent sur le combat, en face ils ne vont rien lâcher. Ils seront très certainement remontés par rapport à leur actualité. Nous sommes un groupe avec une très forte cohésion, il faut faire le job sans se soucier du reste et respecter notre cadre de jeu. Depuis la victoire à Agen, on s’est libérés et on peut aller chercher la victoire si on s’en donne les moyens. » Clairement les biterrois veulent se donner le droit d’exister dans la compétition tout en s’assurant l’avenir. Deux objectifs pas forcément opposés, qui donnent le croustillant d’une rencontre qui devrait être animée à plus d’un titre. Dans un stade aux allures britannique, avec un public très proche du terrain, dans une atmosphère particulière et intrigante, les Rouge et Bleu devront réciter au mieux leur partition. Pour tenter de faire oublier les points laissés en route du côté d’Oyonnax, Biarritz et Mont-de-Marsan. Gonfler la statistique de la plus mauvaise attaque à l’extérieur en terme d’essais inscrits (10 unités) et conforter, si le déroulé veut être souriant, une séduisante seconde place durant la phase retour en 2017 sur la concurrence. Chiche ?

Rémy RUGIERO