Gracias Gabi !

05/06/2014
Arrivé en Janvier 2012 à l’ASBH, Gabriel Bocca a pris sa retraite le mois dernier, à l’issue du match contre Aurillac. Pour Rugbiterre.Oc, il revient sur ses trois saisons à Béziers. Émotions.

Rugbiterre : Comment as-tu vécu ce dernier match face à Aurillac avec ton entrée seul sur le terrain ?
Je n’avais aucune idée de la façon dont l’après-midi allait se dérouler. Ça a été une grande surprise quand les autres m’ont demandé d’entrer tout seul. Une grande surprise, une grande émotion… Toute ma carrière est passée devant moi, une grande émotion !

Rugbiterre : En signant à Béziers en janvier 2012, à quoi t’attendais-tu ?
Je venais de passer neuf saisons en Italie [A Calvisano entre 2001 et 2009 et à Prato en 2010-2011, NDLR] et une en Premiership [Aux London Wasps en 2009-2010, NDLR] . Evidemment, j’avais déjà entendu quelque chose de la France par des amis qui y avaient déjà joué. J’étais un peu tendu et nerveux. Après, tout a commencé à très bien se débloquer au fur et à mesure. Tout ce que j’avais entendu était vrai : le public est fou de rugby, il vit pour le rugby et ça, carrément, ça te donne envie de faire et de vivre comme eux.

Rugbiterre : Tu es arrivé durant une période difficile du club. Tu as également été présent lors des changements successifs des entraîneurs… Comment as-tu vécu cette situation durant deux ans ?
Cela a été des moments difficiles pour tous je pense. Déjà, quand j’ai reçu l’appel de la part des dirigeants de l’ASBH, je savais que ce n’était pas une situation facile. Mais je n’avais pas peur d’affronter ce défi et je n’ai pas douté en venant là. En trois saisons que j’ai joué, il y a eu trois changements d’entraîneurs, spécialement lors de ma deuxième saison qui a été la plus mouvementée. Mais au final, tout le club a trouvé le chemin et les ressources pour pouvoir bien travailler. Le résultat, on peut le voir par rapport au maintien de l’année dernière et cette année avec encore un meilleur résultat sportif.

Rugbiterre : A 36 ans, tu as toujours répondu présent sur le terrain. Où vas-tu chercher cette forme physique pour ton âge ?
Je peux dire que l’expérience joue un rôle très important dans tout ça. Je peux aussi dire que dans ma jeunesse, je ne comprenais pas aussi bien mon corps que je le comprends maintenant. L’amour que je porte pour ce sport fait aussi que c’est moins difficile de suivre le rythme d’une vie très stricte par rapport à l’alimentation, aux entraînements, au repos et à la concentration sur les meilleurs détails. Être conscient quand tu te lèves chaque matin, que tu as un certain âge et qu’il faut être heureux de ce que t’offre la vie en ce moment, ça aide aussi à être à 100%.

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Rugbiterre : Quand as-tu pris la décision d’arrêter ta carrière ?
Il y a plusieurs facteurs qui ont déterminé la fin de ma carrière. Il y en a trop pour parler de tous mais il y en a principalement deux : Le premier, c’est ma santé. Depuis l’âge de 22 ans, je vis dans une situation de bien-être et de mal-être avec mon cou et avant qu’une situation désagréable se présente, je préfère arrêter. La deuxième, c’est l’envie que j’ai depuis longtemps d’affronter de nouveaux défis, des choses qui sont très difficiles à faire en tant que joueur professionnel parce que je donne pratiquement tout mon temps à la performance sportive.

Rugbiterre : L’éloignement avec ton pays d’origine a t-il été difficile ?
Au début, dans les années 2000, j’ai très mal vécu ce changement. Mais après, la vie t’apprend que si le choix que tu as fait, tu l’as fait pour souffrir, ça ne sert à rien. Depuis j’ai réfléchi par rapport à tout ce que j’ai fait dans ma vie, et à partir d’une décision personnelle, tout s’est clarifié. Je commence à vivre avec joie les décisions que j’ai prises. Mais il s’est passé des années pour m’en rendre compte…

Rugbiterre : Quel souvenir général garderas-tu de tes trois ans à Béziers ?
Ce sont les trois dernières années de ma carrière et pour ça, elles sont déjà très spéciales. Je me souviendrai toujours d’avoir fini ma carrière dans un pays, un championnat et une culture que j’ai toujours rêvés de connaître. Et en plus, tout ça s’est passé à Béziers qui est bien reconnu pour être une des équipes les plus importantes du rugby français.

Rugbiterre : Quel est ton meilleur souvenir avec Béziers ?
Il n’y a pas qu’un souvenir : Le public qui nous suivait nombreux à plusieurs reprises quand on était entre la 15ème et la 16ème place; avoir appris la langue française; et les personnes que j’ai croisées pendant ce parcours qui, avec amour et intelligence, m’ont fortement soutenu.

Rugbiterre : Quel est le pire ?
Les pires souvenirs ont été les blessures que j’ai eues qui m’empêchaient d’être sur la feuille de match.

Rugbiterre : Si tu devais faire passer un message aux supporteurs ?
Je parle souvent avec les supporteurs. Ils savent déjà que j’aime le fait qu’ils possèdent une identité bien marquée, qu’il faut qu’ils ne changent jamais mais aussi qu’ils doivent continuer à faire ce qu’ils font depuis des décennies : continuer à rêver ASBH. L’ASBH changera de joueurs, de dirigeants et d’entraîneurs, mais jamais son public.

Rugbiterre : Désormais, que vas-tu faire ?
Je suis vraiment excité par rapport à mon avenir. Je suis plein d’énergie et en ce moment, j’ai des idées. Mais, pour le moment, pour une question de chance, je préfère ne pas parler, bosser fort et croiser les doigts aussi.

Rugbiterre : Est-ce qu’il y a quelque chose qui va te manquer en partant de Béziers ?
Ma vie, c’est le rugby depuis que… Je ne me rappelle pas. Et ma vie, elle évolue aussi en tant que joueur et tout ça, en montant en intensité chaque année jusqu’au jour de ma retraite. Tout ça, ça me manquera, et beaucoup !
Je reviens sur le mot « en partant »…parce que je ne pars pas de Béziers. Je resterai sur le coin pour longtemps.

Maxime GIL
© Tous droits réservés / Juin 2014
Crédit photos : Rugbiterre.Oc