Chronique de la Rambarde : la réponse par le jeu..

11/04/2016

La formule était toute trouvée. Béziers s’est enfin retrouvée, dans son organisation et ses séquences interminables de jeu. Durant de nombreuses semaines, les résultats décevants avaient apporté leurs lots d’incertitudes et de perpétuelles remises en questions. La confiance en partie érodée, laissait présager une fin de championnat difficile, étrangère à un début de saison si prometteur. Allez savoir, le succès acquis face à Albi, coïncide avec le retour de conditions idéales, en rapport avec un jeu ouvert et des prises d’initiatives permanentes. L’instant propice afin de conjurer le mauvais sort, et les Rouge et Bleu ont parfaitement répondu aux attentes. Tout n’est pas parfait, mais ce succès remet les hommes de Manny Edmonds sur de bons rails. Au bon moment.

DES PROMESSES RETROUVÉES 

Il fallait d’une certaine façon, casser le plafond de verre. Durant les derniers jours, le débat sur la mêlée et la défense avaient resurgi tel un boomerang dans la figure de Béziers. Sans fondamentaux respectés, point de salut. Albi s’était déplacée avec l’espoir d’accrocher le bon wagon en s’appuyant sur une dernière victoire contre Aurillac notamment. Avec une réputation d’équipe accrocheuse et d’une solidité sans faille, tout laissait croire que cette rencontre serait tout sauf une partie de sinécure. Dès l’engagement, Captain Battye et les siens ont littéralement confisqué le ballon. Histoire de monopoliser les débats et de marquer clairement leur territoire. Plutôt maladroits sur la première demi-heure, malgré une belle débauche d’énergie et une défense tarnaise très dense, Béziers ne voyait pas le bout. Et comme souvent en pareille situation, l’étincelle est venue d’un coup d’éclair signé Joe Vakacegu. Lui et son compère Jordan Puletua ont magistralement fait étalage de puissance et d’impact physique, laissant leur empreinte sur une rencontre qui ne demandait qu’à être débridée.

Sur un bon service de Lachie Munro, très inspiré samedi dernier, le centre fidjien s’accommoda d’un énième plaquage des visiteurs, pour offrir sur un plateau, l’essai à Jean-Baptiste Peyras-Loustalet qui ira conclure cette action d’école. Quasiment un tournant dans la rencontre, Albi venait de baisser pavillon pour la première fois, et les perspectives pour la suite des opérations semblaient alléchantes. Il était perceptible que les événements prendraient une autre tournure, par le score 10/3, mais surtout par l’impression dégagée par les locaux, qui occupaient outrageusement le camp albigeois. Comme pour mieux asphyxier l’adversaire, dans la relative lourdeur présente au Stade de la Méditerranée, on ne compte plus les temps de jeu à rallonge, les passes sans commune mesure et les tentatives répétées de traverser la ligne d’avantage à un rythme effréné. La pause viendra clore 40 minutes de bonne facture, dans lesquelles Béziers pouvait légitimement augurer du meilleur. Les efforts allaient porter leurs fruits.

UN RYTHME INFERNAL

Le second acte repartait sur un rythme soutenu. Des temps de jeu assez fluides, mais par manque de justesse dans les transmissions ou dans le dernier geste, les deux formations n’arrivent pas à concrétiser leurs moments forts. De quoi parfois laisser des regrets, dans une opposition à la physionomie débridée et tournée vers l’offensive. La marque de fabrique des hommes de Manny Edmonds qui vont s’en donner à cœur joie, avec des séquences éloquentes et enjouées. Pourtant, à l’approche du dernier quart d’heure, le score ne reflète pas le sentiment général. Albi est toujours dans les clous, faute à des héraultais moins pragmatiques et peu efficients en comparaison à leur domination. La récompense viendra des ailes, avec un Morad Touizni intenable à son poste, pour planter l’essai qui viendra anéantir les derniers espoirs des hommes de Mauricio Reggiardo. Une nouvelle action bien amenée, avec le bon comportement dans le geste et la conclusion. Touizni, oublié des feuilles de matchs depuis la déroute face à l’USAP et qui envoie un joli message en forme de rédemption.

La fin de rencontre est totalement folle. Un rugby champagne qui vous fait perdre votre latin. Au plus grand plaisir des spectateurs présents, malgré un horaire assez loufoque pour un samedi après-midi. Ledua Mau, l’arrière tarnais, inscrira un essai en contre des suites d’une action interminable à couper le souffle. Derrière, Touizni par la réalisation d’un crochet dont il a le secret, viendra parfaitement servir dans le tempo Éloi Massot pour le 3 éme essai de l’après-midi. Et malgré des arrêts de jeu irrésistiblement passionnants, aucun point de bonus ne sera délivré dans cette rencontre qui aura certainement conquis le spectateur lambda. Béziers pouvait lever les bras au ciel, le sentiment du devoir accompli, avec plus que jamais l’espoir d’une qualification pour les phases finales. Un soulagement qui doit apporter une sérénité dans le groupe, avec cette prestation plutôt aboutie face à un concurrent direct,  qui démontre encore une fois le potentiel appréciable d’une formation ambitieuse, quand son jeu et son exécution sont au rendez-vous. Le prochain, justement, ne sera pas une partie de plaisir. Le déplacement chez le récent champion lyonnais ne sera peut-être pas une priorité en cette fin de saison, mais il doit permettre de garder et d’insuffler quoi qu’il arrive, ce sémillant état d’esprit en toute circonstance.