Harry Vermaas, le plus Biterrois des sud-africains

12/05/2013

Harry Vermaas quitte Béziers lors de cette intersaison 2013, après trois ans passés au club. Le futur ex talonneur biterrois revient sur ses années rouge et bleu. Émotions garanties.

 

Il est du genre discret. Harry Vermaas n’est pas un garçon qui cherche à se mettre en avant. Même pour son dernier match. Mais derrière ce cœur dur comme la pierre, se cache une partie sensible «  Ce fut une journée chargée d’émotions pour moi. Je savais pertinemment qu’il serait dur de ne pas extérioriser mes émotions et je ne voulais pas que la journée tourne autour de moi et ces forts sentiments. C’était ma dernière journée en effet, mais c’était la dernière pour quelques autres joueurs également donc l’émotion était présente dans chacun d’entre nous. C’était une journée très forte. » Pas insensible quand même le Harry.

Durant ses trois ans au club, il a travaillé sans relâche pour porter ce maillot. Et au moment de l’enfiler pour la dernière fois, dimanche, les yeux ont brillé et les larmes ont coulé. « D’ailleurs, quand nous avons formé la ronde dans les vestiaires, tous unis par la force de nos bras, la dernière ronde d’avant match, j’ai levé les yeux et j’ai vu des larmes dans les yeux de quelques joueurs, qui eux aussi jouaient leur dernier match en rouge et bleu, et les larmes ont commencé à couler sur mes joues… » Avant tout, Harry Vermaas est un Homme. Et comme pour chacun, l’émotion a fini par prendre le dessus.

La volonté de jouer en France.

Car trois ans dans un club, avec un titre de champion de France de Fédérale 1, ça marque. Même si auparavant, il jouait la Currie Cup en Afrique du Sud. Une première saison marquée au fer rouge dans sa mémoire « C’était magnifique, magique! Quelle saison! De la folie… Cela restera l’une des saisons les plus brillantes de ma carrière, une saison inoubliable! J’ai énormément été touché par le fait que j’ai pu, et j’en suis reconnaissant, jouer avec la légende Andrew Mehrtens, jouer avec lui sur le terrain pour sa dernière saison en tant que joueur! ». Harry Vermaas ne paraît pas insensible lorsqu’il raconte la saison 2010-2011.

C’est en septembre de cette même saison qu’il arriva sur le sol Biterrois. La signature de l’ancien talonneur du Leinster est due à la blessure du pilier Biterrois Giorgi Mchedlishvili car même s’il n’a jamais joué à ce poste, Harry Vermaas peut évoluer également en tant que pilier «Je jouais en Afrique du Sud mais j’ai toujours voulu jouer en France. J’ai donc dit à mon agent que s’il y avait une possibilité de jouer en France, peu importe la région, je la prendrai sans aucun hésitation. Heureusement pour moi, un de l’équipe de Béziers s’est blessé et m’a donné l’opportunité de venir ici, à l’ASBH, en tant que joker médical. J’ai été réellement très reconnaissant de cette chance qui s’offrait à moi ! ». Une chance qu’il a su parfaitement saisir avec un total de 61 matchs en trois saisons.

« Hamacek et Edmonds m’ont annoncé qu’ils ne me garderaient pas la saison prochaine »

Une régularité au fil des saisons, malgré un défilé de talonneurs ( Catanzano, Acquier, Lévi, Pinto-Ferrer) qui s’explique par le simple fait qu’Harry Vermaas a toujours fait son travail « Je n’ai pas de recette. Je me suis toujours bien entendu avec les précédents coachs. Je ne suis pas un joueur « superstar » mais je pense que je fais mon job comme il se doit, dignement. J’aime les combats physiques et je pense que les touches et les mêlées sont mes responsabilités et mes points forts. Si l’on fait notre job de base avec application, il n’y a aucune raison que nous ne soyons pas utile sur le terrain! » Une exemplarité aux entraînements, comme sur le terrain qui lui valu, au delà de ses performances, une bonne entente avec les différents entraîneurs. Et pourtant… « Cela fut difficile, particulièrement cette dernière saison. Je m’entendais bien avec chacun d’entre eux [les coachs] et ai été très surpris lorsqu’Hamacek et Edmonds m’ont annoncé qu’ils ne me garderaient pas la saison prochaine. J’ai beaucoup de respect pour chacun d’entre eux mais je dois mentionner que je pense que, Andrew Mehrtens fait parti de ces gens qui auraient fait tout et n’importe quoi pour ce club. J’adorais sa façon de nous coacher, et la manière dont il nous guidait sur le terrain en tant que joueur, sans oublier la connaissance qu’il avait… J’ai beaucoup appris de lui. ».

Mais voilà, ses performances au talonnage n’ont pas convaincu Christophe Hamacek et Manny Edmonds. De quoi décevoir le sud-africain qui n’avait pas décidé de partir « Ce n’était pas mon choix. Comme vous savez, nous avons eu trois changements de coach cette saison. Je me suis très bien entendu avec tous les précédents coachs à Béziers, ils m’appréciaient tous en tant que joueur, sans aucun problème.Malheureusement, Christophe Hamacek a un point de vue différent. J’ai joué 27 matchs sur 30 cette saison et j’ai réellement donné tout mon cœur pour ce club. L’investissement n’était pas uniquement sportif. Si c’était à moi de décider, j’aurai adoré rester à Béziers aussi longtemps que possible. Cette ville est devenue ma maison, mon chez moi, et le jour où les coachs m’ont annoncé qu’ils ne désiraient pas me garder, ce jour là a été très triste et décevant pour moi. ».

Triste, déçu, mais surtout pas abattu. Agé de 29 ans, il ne compte surtout pas arrêter sa carrière. Sa volonté est bien de rester en France « En tant que talonneur, je suis encore très jeune et au top de ma forme. Je pense avoir encore 5 ou 6 ans devant moi à pouvoir servir sur les terrains de rugby. Je n’ai pas encore de nouveau club en ce moment mais quelques personnes s’occupent de moi et de ma situation. J’aime la France, j’aimerai rester et finir ma carrière dans ce beau pays. »

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Une sortie émouvante

Son départ, au delà de lui-même, a attristé pas mal de supporteurs. Un public qu’il n’oubliera pas de si tôt au regard de sa comparaison ! « C’était magique, magnifique! J’ai déjà joué devant d’énormes publics avec le Leinster, les Bulls… Mais je n’avais jamais connu des supporters aussi passionnés que ceux du rideau rouge et bleu Biterrois! Et jouer face à un aussi grand, important, et très puissant public, vocalement parlant également… Jouer face à un aussi beau public pour les deux derniers matchs fut une expérience inoubliable et l’un des souvenirs que je garderai en moi comme un trésor pour le restant de ma vie. » Beaucoup d’émotions dans ses écrits. Et quand on lui demande de ce qu’il a pensé des deux saisons en ProD2, il ne retiens que son dernier match contre Aurillac… ou presque « Quelle chance nous avons eu en 2011-2012 de rester en pro D2 (merci Bourgoin…) et quelle nouvelle chance nous avons eu dans la tournure de notre saison 2012-2013… Comme je l’ai dit, les deux derniers matchs et particulièrement le tout dernier au stade de la méditerranée, ces deux matchs furent très spéciaux! Ils [les autres joueurs] m’ont laissé fouler le terrain en premier… J’ai joué 54 minutes et lorsque je suis sorti du terrain, face à ces vagues de supporters, en les applaudissant, ils m’ont applaudi, m’ont réchauffé en chantant mon nom… Ceci est pour moi une chose, un instant que je n’oublierai jamais, c’était énorme!! »

Harry Vermaas se souviendra de son passage à Béziers. Entre le titre de champion de Fédérale 1 et sa sortie dont il ne fait que parler, l’ASBH restera gravée en lui « J’aurai toujours le doux souvenir d’avoir été champion de Federale 1 en 2010/2011 et ceux des deux derniers matchs que j’ai joué cette saison, des souvenirs mémorables et spéciaux également! Je me suis fait beaucoup d’amis à Beziers, pas seulement sur le terrain, mais autour aussi. Les merveilleux supporteurs m’ont immédiatement fait me sentir le bienvenu dans le club, les joueurs et le staff aussi. J’ai été merveilleusement bien accueilli. Et tout le monde, chacun d’entre vous me manquera! » Mais le sud africain ne quitte pas Béziers définitivement. Pour le rugby, oui, pour les plaisirs , non « Les gens, les supporters, les joueurs, mes amis, tout le monde et chacun d’entre eux vont me manquer ! Mais je reviendrai pour le soleil, les plages et la Féria c’est certain !! ». Avant de conclure pour le « rideau rouge et bleu » comme il dit « Simplement un grand merci à tous les supporters Biterrois qui m’ont fait vivre une grande aventure, merci pour votre soutien sans faille et vos encouragements. Un public exceptionnel. Béziers va me manquer et Béziers, c’est vous, ce stade et vos chants, votre soutien. Cette ville est devenue ma maison, et elle me manquera énormément. Merci pour ces trois années inoubliables avec vous. ». Merci à toi Harry !

Maxime GIL