Dorian Marco-Pena (talonneur ASBH) : le cœur Rouge et Bleu..

23/04/2019

Encore et toujours la jeunesse de l’ASBH mise à l’honneur, avec la découverte de Dorian Marco-Pena, talonneur au club depuis quelques années. Un parcours qui méritait assurément la lumière, force de persuasion et de caractère, lui ayant permis de s’affranchir de quelques barrières. Un côté atypique rafraîchissant, authentique qu’il convenait d’explorer pour un garçon qui s’épaissit au fil des mois, et qui par son travail au quotidien s’invite plus que jamais dans la rotation des avants de l’ASBH. Portrait.

« À BÉZIERS, ON AIME PAR DESSUS-TOUT LA CONQUÊTE »

En guise d’amuse-bouche, comment ne pas évoquer avec gourmandise la dernière rencontre disputée à Nevers, traduction d’une rébellion collective malgré les éléments contraires dont il fut l’un des principaux acteurs :« Les circonstances ont chamboulé nos rituels, c’est vrai. Au final, très satisfait du résultat car peu d’équipes ont récupéré des points au Pré Fleuri cette saison. Solidarité, combat et envie; l’espoir demeure pour la qualification. » Passée la ferveur du moment exalté jeudi dernier pour l’introduction, entrons dans le vif du sujet avec Dorian. 19 feuilles cette saison, à l’identique du précédent exercice, une confirmation à ses yeux ? « Avoir la confiance des coachs et de mes partenaires c’est important, quand je suis aligné, je donne le meilleur de moi-même sur le terrain. » Sur un poste exigeant à souhait qui réclame bien des aspects incontournables :« Les principaux arguments à ce poste, c’est la rugosité, être intense sur les duels, du gaz avec le ballon. Bien sûr, propre en conquête notamment en mêlée fermée surtout quand tu sais qu’à Béziers, on adore ce secteur. On me reproche parfois d’être un peu réservé, je dois progresser sur cette approche. » Et dans un rugby de collisions et du mètre gagné, des mensurations dignes d’illustres anciens à son poste dans la cage héraultaise (1,74 m , 103 kilos), le physique si primordial ? « Ce n’est pas forcément une question de poids, ça concerne davantage l’endurance pour tenir sur la durée d’une rencontre. »

« Travailler en explosivité avec le staff »

Le professionnalisme amène inévitablement la concurrence, avec Marco Pinto-Ferrer et Clément Estériola. Face à l’expérience proposée, comment exister ? « Tout cela est très sain, assez proche de Marco avec son côté latin qui me correspond. On parle du placement, des appuis, des positions à tenir. La main et le geste pour finir le lancer, tous ces détails qui me font grandir. Clément est très présent également, et nos échanges sont très positifs. » Pour tenir la cadence, prouver et gagner en maîtrise, les extras sont-ils un mal nécessaire ? « Ce n’est pas une option, c’est obligatoire. Après les entraînements, que ce soit une séance de musculation supplémentaire, même en off s’il faut venir au stade pour peaufiner les lancers, axer l’explosivité sur des situations. La réussite passe par ces moments. » Des efforts, des sacrifices pour ne pas les citer, dans un championnat relevé, aux allures de marathon. Quel regard porte t’il sur cette compétition ? « Toutes les formations sont combatives, on ne connaît pas son issue et c’est très excitant. Brive m’a impressionné lors de nos rencontres, équipe constante dans son rugby, avec des porteurs de balles massifs. »

« J’AI TOUJOURS VOULU ÉVOLUER AVEC LES ROUGE ET BLEU »

Après les traditionnelles considérations, aiguisons notre curiosité auprès du personnage. Dans l’intimité pure et simple du Piscénois, et son cheminement jusqu’à l’ASBH. « J’avais fait le forcing auprès de mes parents pour venir au club. J’étais déjà toujours en tribunes, je n’ai pas raté beaucoup de matchs à la Méditerranée. Ces couleurs font chaud au cœur quand vous voyez le passé, vous êtes obligé de l’honorer et tu ne peux pas passer au travers. » Durant sa jeunesse, a t’il eu un joueur comme modèle, qui l’aurait particulièrement marqué ? « Olivier Gargallo, déjà quand je suis arrivé à Béziers, il fut mon coach. Sa personnalité, son état d’esprit, son côté fou-fou qui ne laissait pas indifférent. » Plus globalement, sur le circuit mondial ? « Jerry Collins, pour sa répétition de l’effort, son activité incroyable sur un terrain. C’était un grand joueur. » Puis son arrivée au centre de formation de Béziers, qui ne fut pas sans originalité. « J’étais parti en Afrique du Sud (à Stellenbosch) pendant un mois pour découvrir un autre rugby et apprendre. Laurent Cutillas et Pierre Caillet m’y ont poussé. Un monde à part, dans les entraînements où tu peux passer l’intégralité de celui-ci à te rentrer dedans sans que personne ne bronche. Le dernier jour du stage, je rentre en contact avec Diego Minarro qui m’annonce que Manny Edmonds veut me voir. L’entraîneur des pros qui t’appelle quand t’es en Afrique du Sud ça interpelle. Il m’explique qu’il a besoin d’un talon et que je dois revenir en urgences pour signer les papiers pour intégrer le centre de formation. Je suis parti rapidement, c’était le début de l’aventure après 4 années d’attente en tant que partenaire du centre. »

David Gerard : »Ses points forts ? La mêlée et la défense »

Pour dresser un portrait plus précis, en adéquation avec la présentation effectuée, David Gerard, coach des avants évoque son joueur :« Dorian travaille beaucoup, il aime la mêlée et son secteur défensif est de qualité. Il doit être un exemple pour d’autres jeunes, car son parcours n’a pas été facile, et il se le doit qu’à lui-même. Il est courageux et si parfois je suis dur avec lui, c’est que je sais où je veux l’amener et sur quels secteurs il doit encore évoluer. » Des mots qui trouvent un écho ? « C’est vrai qu’à chaque fois, il essaye de me parler, en bien ou en mal sur mon activité. Au final, il a le mot juste pour ma progression, tu te tais, t’avances et tu continues. J’y dois énormément, le côté humain qu’il met en avant est primordial à mes yeux. » Côté famille, comment perçoit-on l’évolution au sein de ce monde estampillé impitoyable ? « Mon père ayant joué au rugby, à Toulon notamment, ils me suivent tous de près bien sûr. Nous avons une entreprise familiale en plomberie-chauffage à laquelle je suis très attaché. J’ai commencé à travailler à 15 ans, mon souhait c’est d’avoir la carrière la plus longue possible et un jour de reprendre le flambeau. En Benjamins donc, mon envie était de rejoindre Béziers. Ils ont fait l’effort et m’ont suivi dans mon idée. Je m’étais inscrit gamin à un stage comme tu vois actuellement pendant les vacances. Patrick Terrisse me repère, j’incorpore le club définitivement. »

Demi de mêlée ou demi d’ouverture en cadets !

Dans l’apprentissage de l’ovale, et du vécu sur cette période, Dorian a joué aux postes de la charnière :« Le coach de l’époque me voyant faire toujours la feinte de passe et rentrer dans la défense, s’est dit que je n’étais pas fait pour ce poste ! J’ai glissé au centre par la suite, on m’a conseillé la 3 ème ligne pour ma défense. Marc Garrigues mon beau-père, m’a dit fonce au talon, c’est maintenant ou jamais avec tes aptitudes. Donc en cadets première année je me suis fixé dans la cage. Du coup, j’avais le statut partenaire jusqu’en Crabos, et j’ai franchi le pas quand les catégories ont changé chez les espoirs. J’ai toujours gardé le cap et j’ai attendu mon heure en quelque sorte. » Après avoir analysé ce début de carrière, toujours intéressant de connaître son rapport avec l’environnement et les supporters des Rouge et Bleu :« Ils nous ont toujours soutenu, quand ça allait bien comme quand c’était dur. Je connais très bien Rugbiterre, je sais les efforts produits derrière la tribune, de chaque bénévole. On est fier d’avoir des gens passionnés qui poussent derrière nous. Ces derniers temps, on a été touché par quelques critiques. Ils n’ont pas forcément tort surtout quand tu sais que la majorité sera toujours présente au stade. »

Pour compléter, Dorian Marco-Pena qui a résigné pour deux saisons supplémentaires (1+1), sur quel souhait pourrait-il s’exprimer pour la suite et ses aspirations ? « Rien n’est fini bien sûr, nous allons avoir sur notre route des rencontres à enjeux. On fait ressentir à tout le monde, j’espère, que le mode phase finale était enclenché à Béziers. Quant à moi, j’espère poursuivre ma route ici le plus longtemps possible, c’est mon club de cœur et je vais essayer d’y rester en continuant de progresser. » Voilà pour la déclinaison d’un garçon du cru, viscéralement attaché au club, au parcours singulier. Certainement sous-estimé sur ses prestations et cette capacité à franchir des paliers. En atteste, sa copie impériale face aux Nivernais, un duel de haut-niveau appréhendé avec autorité par le Piscénois qui pourrait s’inscrire dans la durée, si les challenges proposés sont passés avec ce volume de jeu et ce caractère qui tend à s’affirmer.

Rémy RUGIERO

Les conditions de l’interview :
→ RDV 14H15 (Dorian plus assidu que l’interviewer)
→ Un joli soleil, le Printemps était avec nous
→ 1h30 de conversation au total
→ 4 cafés, nous tairons le nom de celui qui préfère le noisette
→ Lieu : Brasserie La Coupole dans la galerie de Géant chez Éric
→ Ambiance détendue, RDV pour les phases finales à commencer dès vendredi prochain face à Vannes.