Chronique de la Rambarde : les Rouge et Bleu s’enlisent stratégiquement

12/10/2019

À la vue du titre de cette chronique, on pourrait croire que les biterrois furent défaits par le promu normand hier à Raoul-Barrière, avec la gueule de bois qui s’imposait. Il n’en fut rien, l’ASBH récolte un cinquième succès consécutif tout en se retrouvant second derrière la comète grenobloise. Un bilan prometteur, mais également des questionnements qui interrogent notamment sur le contenu. Explications.

CONCRÉTISATION EN BERNE

Pourtant, les premières intentions furent limpides, annoncées sur l’alternance donnant ainsi tout le loisir de parcourir les largeurs et étirer un rideau défensif rouennais plutôt dense. Les visiteurs allaient prendre une certaine confiance au fur et à mesure de la rencontre, faute aux héraultais maladroits dans leurs possessions. Matthew James, précieux au pied et dans l’occupation, maintiendra sa formation dans ce duel. Béziers riposte sans renverser la table non plus. Il aura fallu attendre une combinaison hispanisante entre Tomás Munilla et Alvar Gimeno pour déclencher enfin les hostilités. L’action ira en bout d’aile, Jamie Hagan en passeur décisif pour Éloi Massot en finisseur. Une réaction attendue, mais insuffisante à la marque puisque le RNR menait toujours à la marque à cet instant. La suite fut classique, les recettes ficelées, ballon porté initié sous l’impulsion d’un Clément Éstériola toujours aussi dynamique, et l’ASBH décollait au score. Du moins le croyait-on, mais cette action significative aura eu le don peut-être de brouiller les pistes, qu’une issue heureuse passerait par ce genre d’opportunités. 15-12 à la pause, rien de transcendant mais dans les têtes, 2 essais à 0 toujours utile pour un objectif sûrement plus ambitieux pour la suite.

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Le second acte ne fut pas pléthorique en actions d’éclats en tout genre, Béziers s’entête dans un combat au près qui correspondait davantage aux arguments de Rouen, qui n’a jamais rechigné dans ce secteur. Les biterrois pas plus fringants qu’à l’accoutumée sur les épreuves de force, furent perdus dans leurs desseins. Une multitude de pénaltouche à proximité de la zone de marque, gérées à l’emporte pièce, soit par manque de concentration, d’instabilité sur les structures, et d’un manque de liant préjudiciable sur la transformation du jeu. Mais soulignons la qualité défensive de l’adversaire, pénible à souhait, courageuse sur l’homme. Personne n’y trouvait son compte, tant les scories se dénombraient par dizaine, soit par des soutiens peu virulents, ou bien par trop d’espaces sur les transmissions où les angles de courses ne furent pas pertinents. Sans franchissements, difficile d’imposer une stratégie établie qui n’aura que peu fonctionné hier soir, pour des biterrois sans solution de repli idéale pour assurer la victoire et glaner un bonus offensif si proche mais si loin dans le contenu. 18-12, score final qui ne satisfait personne, l’essentiel préservé, mais qui peut autoriser un jugement sur les choix apportant une certaine frustration.

PLAISIR AU COIN

Le vestiaire silencieux, les couloirs moins prolifiques qu’un jour d’un triomphe, les regards tendus. Clairement, la partition jouée par les Rouge et Bleu aura déçu les premiers concernés. La promesse n’a pas été tenue, la crispation qui transpire sur les conservations et la tenue des débats sera soulevée entre quatre yeux ce matin entre les joueurs et le staff. N’oublions pas que deux réceptions consécutives n’est jamais aisé, surtout après l’euphorie face à Oyonnax. Mais Béziers n’a pas eu peur hier soir. C’est dans ce rôle que les biterrois récitent leur meilleur rugby. Les rotations imposées ont démontré des réponses individuelles au détriment du collectif. Si certains ont su tirer leur épingle des débats, on sent bien qu’il manquait cette étincelle, celle qui jaillit de nulle part et qui vous donne l’appétit pour la suite. Ce pétillant n’est jamais arrivé, c’est un fait, mais il convient de mesurer les analyses. Béziers est deuxième d’un championnat toujours aussi difficile, où le niveau d’ensemble s’homogénéise. La solidité défensive (plus de trois rencontres sans encaisser le moindre essai) est l’affaire de chaque élément portant la tunique de l’ASBH. Remarquable en soit établissant un socle digne des meilleurs dans la compétition. Nul doute que des imperfections furent détectées, mais si la critique est aisée, l’ASBH figure dans le haut du panier, ne galvaudons pas ce plaisir. Une notion exigée à l’intersaison, un aspect que l’on repassera face à Rouen, pour un groupe affichant un état d’esprit irréprochable. 

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Rémy RUGIERO