Chronique de la Rambarde : l’ASBH capitalise au bout du suspens

08/10/2017

C’était la reprise pour l’ASBH en ce début de bloc, avec un déplacement qui comportait de nombreuses interrogations. En effet, si l’on connaissait le budget à 2 chiffres du club de la Nièvre et son effectif de qualité sur le papier, l’impatience était de mise également pour connaître la suite des événements pour des biterrois sortis vainqueurs du dernier derby face à l’USAP avec une débauche d’énergie digne des grands jours. Le résultat final devrait convaincre les derniers sceptiques. En terme d’engagement et de solidarité, les héraultais ont encore été présents et peuvent envisager un avenir sympathique.

PATIENCE DE RIGUEUR

Le Stade du Pré Fleuri et l’excellent accueil réservé comme décor, Béziers alignait une équipe sans surprises avec dans l’idée de faire un coup à Nevers. Mais entre les désirs et la réalité, vous aurez parfois quelques embûches pour perturber vos desseins. Entre l’USON qui balbutie son rugby en début de rencontre et Béziers qui ne cède rien, les hommes de David Gerard et David Aucagne domine les débats. Plutôt sans succès avec de longues séquences au large, systématiquement stoppées par la défense nivernaise. Après le premier quart d’heure, après une énième conservation et plusieurs temps de jeu bien sentis, Julien Blanc poursuivait l’offensive et d’une chistera offrait l’essai à Benjamin Desroche sans opposition. Clair et limpide pour les Rouge et Bleu qui valident leurs bonnes dispositions actuelles (0/5, 15′). La réaction de l’USON était attendue, en vain. Auteurs de nombreuses fautes de main, les hommes de Xavier Péméja ne mettaient jamais en danger l’ASBH, du moins sur la première demi-heure de jeu. Après une tentative de drop judicieux (le fameux pragmatisme) mais toutefois ratée par Thibauld Suchier qui avait choisi la bonne option, Nevers démontrait des attitudes plus précises en cette fin de premier acte. Deux pénalités du précis Loïc Le Gal juste avant la pause, et Nevers renverse le score en sa faveur sans justifier d’une concrète domination (6/5, 40′).

Rien d’irrémédiable pour les visiteurs, mais un goût d’amertume tout de même pour un scénario déjà connu à l’extérieur, du fait d’une emprise territoriale à l’avantage de Béziers sans forcément parvenir à ses fins. L’expérience également précieuse des déceptions subies ailleurs pour adopter les bons comportements. Pourtant c’est l’USON qui revient avec d’autres convictions en essayant d’engager une application certaine. Sans véritablement se créer de situations intéressantes, les locaux manquent globalement de maîtrise. Malgré un carton jaune infligé au capitaine François Ramoneda, les Nivernais peinent à fructifier leur travail avec pour seule récompense, 3 points supplémentaires inscrits pas Le Gal (9/5, 49′). L’ASBH a plié mais n’a jamais rompu et l’essai marqué par Suchier en est la plus belle illustration. Après avoir malmené la mêlée fermée locale, Béziers choisit la pénal-touche à 5 mètres de la ligne. Option gagnante avec l’apport des trois-quart venus aider les copains pour un ballon porté magnifique gratifiant le travail des avants. Par un trou de souris, Suchier valide l’effort collectif et transforme lui-même sa réalisation (9/12, 63′). Nevers n’abdique pas pour autant, pas encore. Piqués au vif, les Jaune et Bleu obtiennent une pénalité que convertit une nouvelle fois Le Gal (12/12, 71′). Le stade du Pré Fleuri donne de la voix et la température pourtant fraîche au coup d’envoi devient suffocante pour les supporters biterrois présents. Comment l’ASBH allait t’elle gérer les ultimes minutes ?

L’ÉCLAIR DE JOSH VALENTINE

Les dernières secondes sont âprement disputées, l’atmosphère est tendue. Le score de parité se présente comme la bonne affaire pour les biterrois. L’ASBH tient le ballon et cherche la faute qu’il n’obtiendra jamais. Et parfois, il est de bon ton d’aller écrire son destin sur un coup d’éclat. Josh Valentine relegué sur le banc de touche, démontre plein d’envie. Sur un ballon ramassé à terre après un départ de l’inusable Rémi Bourdeau derrière sa mêlée, l’Australien se faufile dans la défense adverse. Tellement vif qu’on a du mal à suivre sa course chaloupée et ses crochets déroutants. Alors que le jeu appelait à écarter sur sa droite, il pénètre la défense locale en éliminant deux éléments adverses et bien qu’il aurait pu inscrire tout seul son essai à quelques encablures de l’en-but, il favorisera la solution collective en adressant une offrande au jeune Roméo Ballu tout heureux d’inscrire son premier essai pour sa première titularisation. Et Thibauld Suchier très appliqué pour ajuster la transformation en coin et ôter le point de bonus défensif à Nevers (12/19, 80′). Tout un stade médusé, déchiré par les cris de joies intenses de tout biterrois présents dans la Nièvre. Contraste saisissant et passionnant d’un duel plutôt pauvre dans les intentions mais assurément comme un grand coup dans la catégorie comptable. Dans la liesse du moment, on en oublierait presque qu’il s’agissait du 3 ème essai des héraultais synonyme de bonus offensif. Le coup parfait.

Voilà une issue fédératrice à plus d’un titre, confirmant que celle acquise face à Perpignan n’était pas qu’un sursaut d’orgueil pour un derby. La force collective qui émane de ce groupe fait merveille, et quelques traits de caractères récurrents sont annonciateurs de jolis moments en perspective. Benjamin Desroche, le seconde ligne de l’ASBH, déclarait au coup de sifflet final sa satisfaction :« C’était un vrai match de rugby avec beaucoup d’intensité. Tout le monde a répondu présent, dans les moments forts comme dans les épisodes difficiles. Cela valide le travail de la semaine et nous devons poursuivre nos efforts dès vendredi prochain face à Carcassonne. » Effectivement, Béziers s’installe dans le peloton des qualifiables. Le staff biterrois attendait cette victoire à l’extérieur pour persuader son groupe d’un potentiel avec une marge de progression certaine. Il est vrai que le nombre de contrats pros en comparaison à d’autres formations plus huppées, peut être considéré comme un obstacle sur le long terme d’un championnat usant sur la durée pour les organismes. Mais l’assise défensive quelque soit la composition, les signes de bienveillance observés entre les joueurs et l’impression grandissante qu’un tel effectif si peu retouché à l’intersaison possédant des automatismes à revendre face à la concurrence, amènent un optimisme de circonstance. Le plus dur sera déjà de confirmer, ainsi que digérer le voyage en Bourgogne loin de tout repos afin de préparer la venue de Carcassonne, adversaire réputé pour sa ténacité. Mais quand vous savez que les joueurs ont demandé le maillot du match dans les vestiaires comme pour mieux marquer l’instant, il y a des signes qui ne peuvent qu’encourager à les suivre plus que jamais dans leurs aventures..

Rémy RUGIERO