Chronique de la Rambarde : Béziers s’offre un festin offensif…

04/03/2017

Jordan Puletua étincelant vendredi soir à l’image de ses coéquipiers face à l’US Dax

 

Quel belle rencontre de rugby jouée sur un rythme effréné, continu avec le soucis perpétuel de faire vivre le ballon aux quatre coins du terrain. L’image d’une équipe libérée, qui s’approprie le jeu et donne satisfactions quasiment dans tous les secteurs de jeu. Cette orgie offensive et d’essais, vient concrétiser les espoirs fondés sur l’actuel management d’une formation qui s’éclate sur et en dehors du terrain. La simplicité et l’humain à l’honneur, les valeurs qui sont traduites sur le rectangle vert ne sont pas étranger à cette bouleversante mais passionnante transformation d’ensemble, qui cristallise un mode de fonctionnement auquel tout le monde adhère. Pas de hasard à cette résurrection tardive mais que personne ne viendra contester, tant les biterrois font plaisir à voir et démontrent une bonne fois pour toute qu’ils n’étaient pas à leur véritable place dans ce championnat. Explications.

 

S’ASSURER LE MAINTIEN AU PLUS VITE

Au coup de sifflet final de Christine Hanizet, les bras levés des biterrois traduisaient le sentiment du devoir accompli. Presque le match référence (d’autres prestations sont également à ranger dans cette catégorie cette saison), eu égard à l’intensité de dingue que les joueurs ont proposé, un rythme haletant qui aura littéralement asphyxié les landais qui ne s’attendaient pas à une telle salve offensive. Des temps de jeu à gogo, des enchaînements séduisants, esthétiquement efficaces pour le puriste du rugby qui aura certainement apprécié toute la palette technique et le potentiel entrevu vendredi soir à la Méditerranée. Car revenons à l’essentiel, le supporter paye pour ce type de spectacle, sans calcul ou presque, cousu de main de maître, où les fondamentaux parfaitement exécutés dans l’allégresse collective se conclura sur huit essais au compteur excusez du peu (la dernière prestation du genre en terme d’essais remonte à la fessée administrée à Massy il y a deux saisons). D’entrée après un temps de jeu frisant l’incroyable avec des standards dignes de l’étage supérieur en guise de conservation, l’essai de l’omniprésent François Ramoneda donnait déjà le tempo. Celui d’une formation biterroise voulant effacer des têtes la frustration de Biarritz et surtout remettre les compteurs à zéro en souvenir de la terrible défaite concédée la saison dernière face à ces mêmes dacquois, dans une rencontre où les Rouge et Bleu avaient réussi à tout briser en l’espace de 80 minutes. Oui mais voilà, le temps fait son oeuvre, la saison 2016 fut calamiteuse et la dynamique également. Et la colère froide et sournoise des héraultais s’est abattue sur des landais amorphes, incapables de répondre au défi proposé par une ASBH survoltée.

Pourtant, tout ne fut pas servi sur un plateau puisque les blessures de Jamie Hagan (épaule) et Rémi Bourdeau (genou) auraient pu contrarier les plans et amener de l’incertitude. Non seulement, les remplaçants sont rentrés avec l’envie de bien faire, d’être au diapason des copains pour suivre la fréquence déjà élevée, mais l’essai de Josh Valentine, dans un grand soir comme on l’apprécie à sa juste valeur, tua quelque peu les prémices d’une réaction des hommes de Raphaël Saint-André. 14/0 à 28/0 à la demi-heure, la messe était déjà presque dite. Le suspens envolé, la domination sans partage des hommes de Captain Phoenix Battye n’en restait pas là. Malgré une réaction d’orgueil des visiteurs pour atténuer le score, l’impression vivace voire tenace que les garçons de David Aucagne et David Gerard ne lâcheraient rien. Question de principe. Jordan Puletua qui finit en trombe ce championnat et Thibauld Suchier rajoutant leur réalisation pour un score lourd de conséquence à la pause 33/5. Inutile de se frotter les yeux pour y croire, les actions limpides au fur et à mesure des minutes, l’application générale de mise, les sorties de balles rapides et génératrices de débordements, le geste juste et les nombreux duels gagnés ont fait le reste. On se languissait les 40 prochaines minutes à venir, en s’évitant soigneusement la compation évidente envers les dacquois, puis en évoquant égoïstement la conviction d’un festival annoncé. Qu’il est loin ce satané mois de Décembre 2016, le déplacement à Maurice-Boyau justement à Dax, où le club était en apnée tout comme l’ensemble du groupe au profit d’une auto-gestion dont personne ne conservera un fantastique souvenir. Deux mois plus tard, c’est Béziers qui dicte sa loi et qui compte bien entretenir l’embellie pour valider définitivement un maintien mathématique pour s’assurer des jours meilleurs.

PHOENIX BATTYE : « FIER DU GROUPE »

La seconde période n’était qu’une suite logique, implacable. Sabri Gmir en profitait pour s’offrir un doublé et grimper dans la hiérarchie des finisseurs, Jonathan Best s’improvisait passeur décisif en faisant admirer sa technique et Steevy Cerqueira clôturait la farandole d’essai pour franchir la barre des 50 points pour la première fois dans cette édition 2016/2017. Les dacquois n’ont pas démérité inscrivant au final 3 essais, preuve qu’en dépit d’un score lourd de sens, ils n’auront pas abdiqué durant quelques minutes. Le match parfait n’existant pas, les biterrois trouveront des raisons de peaufiner une défense au large, des suites d’une débauche d’énergie gourmande en récupération et peut-être aussi en lucidité. Dans l’euphorie, pas toujours facile de garder le cap surtout quand tout vous réussit ou presque. Ce côté grisant, où l’adrénaline vous fait courir plus vite, vous invite à faire la passe de l’impossible, le timing qui colle au ballon et le soutien qui emporte tout avec le vent présent tout le long de la rencontre sans qu’on s’en soit rendu compte plus que de raison. Béziers finit d’ailleurs à 14 avec la sortie de Simon Chevtchenko, véritable symbole d’une équipe ayant décidé de prendre son destin entre ses mains, de se faire plaisir et par la même occasion d’en procurer. 52/17, un score qui interpelle, la manière étant au RDV et le supporter repartant avec un large sourire. La Banda Mescladis en chauffeuse de salle pour planter définitivement le décor et vous aurez eu tous les ingrédients d’une bonne soirée pour le passionné des biterrois. D’ailleurs, soulignons la prestation de l’arbitre, conspuée de façon maladroite à la fin de la rencontre pour quelques erreurs sans conséquences et qui par sa bienveillance aura contribué à voir un match plaisant, où le sifflet se faisait rare ce qui reste assez rare du côté du corps arbitral. N’ayons pas la mémoire sélective et prônons cet arbitrage qui favorise l’avantage et l’esprit plutôt que la règle à la lettre fin de la parenthèse.

Voilà un résultat probant qui annonce une fin de championnat palpitante. Ne perdons pas de vue que le maintien n’est pas encore assuré. C’est le mot d’ordre entendu à la sortie des vestiaires même si le contexte est favorable. Ne jamais oublier d’où l’on vient en quelque sorte pour mieux appréhender un éventuel dérapage. Le championnat de ProD2 est exceptionnellement homogène. Chaque équipe peut se relancer sur comme en dehors de ses bases, les nombreux exemples sont légions. La prudence est tout de même de rigueur. Par sagesse, car se profile un déplacement hautement risqué du côté de Guy Boniface vendredi prochain face aux montois. Sans pression particulière autre que de jouer le jeu comme à Oyonnax et Biarritz. La récompense n’est jamais passée loin. L’exploit d’Agen prouve que l’ASBH est capable de tout. Se sublimer, avec une conquête au point et des lancements à la hauteur des promesses. D’une régularité à toute épreuve avec un état d’esprit qui touche les titulaires jusqu’au joueur qui ne sera pas couché sur la feuille de match. C’est peut-être cette façon d’aborder les événements, dans le quotidien durant la préparation, dans l’avant-match et les entames où très souvent se construit les succès. Les Rouge et Bleu ont retrouvé de leur superbe, la liberté d’entreprendre dans un schéma précis mais peu contraignant. Le discours est simple mais direct, où l’affectif semble être pris en considération, une belle chose dans ce monde professionnel parfois exigu. Et puis la conclusion de Captain Phoenix Battye, qui quittera Béziers en fin de saison pour prendre la direction d’Oyonnax, mais qui compte bien finir la tête haute en concluant sur un espoir : « d’être fier des joueurs jusqu’à la dernière minute de la saison quoi qu’il arrive ». De quoi réclamer la suite avec gourmandise…

Rémy RUGIERO