Biterrois un jour, Biterrois toujours : Bakary Méité

12/11/2021

En cette période de trêve et à l’aube du 3eme bloc, nous sommes allés solliciter un ancien Rouge et Bleu. Particulièrement apprécié des supporters, ce 3eme ligne désormais jeune retraité, a eu un parcours atypique dans le monde du rugby. Il a d’ailleurs signé deux fois à l’ASBH et a vécu une relation à part avec le club au 11 Brennus. Les aficionados de la cité de Riquet auront reconnu Bakary Meité !

Baky bonjour ! Merci de nous accorder cet entretien ! Que devient le jeune retraité des terrains ?

Salut. Merci pour l’invitation. 

Je travaille pour une société d’agents de joueurs de rugby. Je suis player welfare manager : en attendant de passer le diplôme d’agent, je suis en liaison étroite avec les joueurs. Et mes collègues agents, eux, s’occupent de la partie administrative.  J’écris aussi chaque semaine sur Rugbyrama une chronique autour du rugby. Je m’éclate et les retours sont bons. Et le reste du temps, je m’occupe de mes enfants.

Tu as eu un parcours atypique en démarrant le rugby sur le tard pour connaître le Top 14 et la sélection nationale ! Peux-tu nous raconter tout cela ?

Oui, j’ai commencé le rugby à 23 ans un peu par hasard en suivant un copain sur un tournoi universitaire d’abord, puis dans son club à Drancy en Fédérale 3. Cinq ans après, je signais mon 1er contrat pro à Béziers. C’était juste impensable. Mais je me suis jamais trop posé de question: j’ai pris tout ce qui m’arrivait et je me donnais à fond. Jamais je n’aurais cru jouer dans des stades mythiques comme Raoul-Barrière ou jouer contre des joueurs que je voyais à la TV quelques années plus tôt. Mes premières sélections avec la Côte d’Ivoire sont arrivées très vite. Et chaque année, pendant 15 ans, c’était la parenthèse enchantée quand je me retrouvais à jouer pour mon pays à travers toute l’Afrique. Une grande fierté.

Bien évidemment, je vais te parler de Béziers !  75 matches en Rouge et Bleu, 12 essais, mais surtout une relation particulière avec les supporters….

Cette relation avec les supporters, je ne me l’explique pas. Ce club a connu tellement de grands joueurs, tellement de titres. Je pense à Chico qui vient de jouer son 250eme match pour l’ASBH. Notre amitié est née à Béziers et elle dure encore. J’ai eu le droit à un accueil et un parcours tellement adorables. Et idem pour ma famille. Encore aujourd’hui, quand je retourne à Béziers, les gens sont top ! Le regret que j’ai, c’est de ne pas avoir pu les saluer lors de mon dernier match à Béziers, à cause du huis clos. Un crève cœur…

Peux-tu revenir sur une anecdote et ton arrivée à Béziers alors que tu étais pressenti à Bourgoin (tu as été sollicité par les supporters biterrois sur les réseaux sociaux ?)

C’est vrai. J’étais dans le TGV. Je venais de visiter le club de Bourgoin. Il restait des détails mais je comptais m’engager. Et là, je reçois un appel d’un dirigeant de l’époque, qui me demande ce que je fais la saison prochaine. J’avais vu la mobilisation sur les réseaux sociaux. J’étais touché. Mais je ne pensais pas que ça influerait. J’ai rappelé Bourgoin en me confondant en excuses. La suite vous la connaissez…

A travers tes différents clubs, quelle a été ta plus belle rencontre ?

J’en ai rencontré beaucoup. Je dirais Jean Serrasse, l’intendant de l’US Carcassonne. Je dis intendant mais il est tellement plus que ça… un mec en or.

Question sûrement difficile : quel joueur et quel coach t’ont le plus marqué et pourquoi ?

C’est difficile de choisir. J’ai parlé de Chico Fernandes, mais il y a eu Hamza Zouhair, un de mes meilleurs amis. Je pense à Paul Gabrillagues , Marvin O’Connor. Des entraîneurs aussi, Jeff Dubois et David Gérard. Des gens bons, droits et intègres.

Au delà du sportif, la crise sanitaire t’a conduit, pendant l’arrêt des compétitions, à venir en aide aux soignants et patients d’un établissement de santé parisien… 

Oui, j’ai fait cela de façon spontanée. C’est une opportunité que j’ai saisie. J’étais heureux d’accomplir ça. Mais je ne pensais pas que ça aurait une telle résonance et une telle portée. Ça a mis la lumière sur ces personnes qui, crise sanitaire ou pas, travaillent quotidiennement pour que nos hôpitaux restent propres. C’était ça le plus important.

Un mot sur le rugby africain et ta carrière internationale avec la Côte d’Ivoire ?

On est en course pour la qualification pour la prochaine Coupe du monde. J’ai tout donné pendant ma carrière de joueur malgré les nombreuses difficultés. J’espère que le rugby continuera à se développer en Côte d’Ivoire et en Afrique. Ce sport doit devenir planétaire et ne pas se contenter d’être joué que par une poignée de pays.

Je te laisse le mot de la fin !

Merci, merci, merci à tous les supporters ! La Tribune de face pendant le dernier derby, c’était juste la folie.  J’aurais tellement aimé sortir de ce tunnel vendredi dernier…

Tous nos remerciements pour avoir donné de ton temps ! Bonne route à toi et au plaisir de te revoir !

Propos recueillis par Cédric Ferreres
Crédits Photos : Rugbiterre, photo personnelle Bakary Méité, L’Equipe