La passation de pouvoir ? La charnière de l’ASBH envisage sa mutation

20/09/2017

Thibauld Suchier à la manœuvre face au Aurillac lors de la dernière réception à la Méditerranée  

À l’aube d’un derby passionnant qui se profile face à l’USAP dimanche à 14h15 au Stade de la Méditerranée, l’actualité concerne également un poste stratégique. On veut parler des hommes chargés de bonifier le travail des avants ainsi que de sublimer celui des arrières. Vous l’aurez compris, il s’agit des joueurs composant la charnière où la concurrence s’annonce féroce avec de multiples profils à disposition. Et une légère impression que la hiérarchie n’a jamais semblé aussi ouverte.

 

LA PERFORMANCE OU L’ADVERSITÉ ?

Le dossier est ouvert. Mais pour cela, il serait salutaire d’en poser les bases pour rappeler à toutes fins utiles, le contexte et l’historique. Quand Josh Valentine et Lachie Munro furent alignés ensemble pour la première fois, c’était le 21 Août 2015 à Béziers face à Mont-de-Marsan (victoire 36/23). Et très rapidement après quelques rencontres, nombres d’observateurs avisés ont apprécié leurs prestations abouties pour en conclure qu’ils étaient la plus belle association du championnat. Sur le papier, l’ASBH désirait assembler ces deux joueurs réputés afin d’impulser une dynamique. À juste titre d’ailleurs, les chiffres ne mentent jamais. 14 victoires la première saison sur 23 associations en tant que titulaires, un jeu ultra-offensif avec des injections rapides et une recherche permanente de la ligne d’avantage. Moins en évidence la saison dernière 11 victoires pour 11 défaites. Bien sûr, extirper de tels chiffres n’amènent aucune conclusion, qui plus est dans un sport collectif. Mais ce coup de projecteur est appréciable pour mesurer parfois l’importance des hommes et des choix qui en découlent. Sous l’ère Edmonds la hiérarchie était clairement affichée. Ce n’est peut-être plus cas, nous y reviendrons. Entre un demi de mêlée australien réputé pour sa vision et son expérience et un demi d’ouverture néo-zélandais précis au pied et dans la conduite, les arguments n’ont pas manqué.

Les résultats fin 2016 ont certainement amené des perturbations. Avec le changement de staff et l’obligation de sauver sa peau en ProD2, Béziers devait revoir sa copie sous peine de sombrer vers les nébuleuses de la Fédérale 1. Décembre 2016, le duo Aucagne/Gerard débarque avec pour mission de sauver le bateau Rouge et Bleu qui tanguait méchamment. La défaite à Dax en clôture de l’année civile restera comme un souvenir terrible. L’ASBH ne pouvait pas faire pire. David Aucagne en charge des lignes arrières porte sa confiance envers le duo Valentine/Munro. Par réputation et pour ne pas semer un désordre dans un effectif plongé dans le doute. Jamie Hagan et Jonathan Best suivront pour les avants. L’embellie sera rapide et concrète. Les victoires s’enchaînent et le contenu est de qualité. Béziers sort de l’ornière et finit la seconde partie de championnat parmi les qualifiables sur la phase retour. Pas assez pour créer la sensation, mais suffisant pour inverser la calamiteuse saison 2016. Durant ce temps, Josh Valentine et Lachie Munro y jouent un rôle prépondérant. Mais Julien Blanc et Thibauld Suchier participent grandement à la convalescence du club à leurs postes. Pour l’ancien Oyonnaxien, arrivé par la petite porte avec de belles dispositions en Top14, le temps de jeu s’est plutôt avéré intéressant. 29 apparitions pour 12 titularisations la saison dernière (4 essais). Sa vitesse et son initiative étant considérées comme de belles promesses. Pour le demi d’ouverture, la victoire à Agen lors d’un souvenir incroyable à Armandie début 2017, symbolise certainement une prise de conscience pour l’ancien joueur du LOU. Il peut-être le patron et en possède le calibre.

 

LES CARTES REBATTUES

Le staff possède donc des joueurs complémentaires. Il serait inqualifiable d’omettre que Paul Champin et Victor Dreuille sont pleinement impliqués. Les espoirs du poste ont déjà été sollicités et ne manqueront pas d’être invités à postuler pour poursuivre leur apprentissage. Mais le focus se voulant volontairement axé sur les 4 joueurs déjà cités, une évolution palpable et d’importance semble poindre dans les décisions prises en leur encontre. La facilité est d’associer de par leurs qualités et leurs automatismes Valentine/Munro et Blanc/Suchier. Dans les faits c’est incontestable. Pourtant, les options offertes ne sont pas forcément arrêtées. Josh Valentine a prolongé d’une saison (plus une autre en option). L’arrivée de Julien Blanc (enfin de contrat) a apporté de la variation et des possibilités différentes à son endroit. Le début de saison plaide en faveur de l’ancien Oyomen. De par ses franchissements, sa vista et son sens du jeu, il aura marqué des points (2 essais) et les esprits avec 3 titularisations sur 4 rencontres disputées. En comparaison, Josh Valentine semble moins à l’aise et cristallise parfois l’indiscipline (11 jaunes et 2 rouges en 4 saisons) malgré un statut de cadre légitime notamment sur le début 2017. De quoi donner des interrogations selon l’adversité et le contexte pour établir les formations. Et les prémices d’une révolution de palais à ce poste.

Pour le numéro 10, la tendance est du même acabit. Lachie Munro est un grand buteur. Les pourcentages de réussite sont insolents et lui confèrent une place de choix parmi les artilleurs du championnat. En deux saisons, le néo-zélandais a inscrit largement son empreinte (628 points, 10 essais). Dans le jeu, il cherche systématiquement l’audace, parfois avec trop d’insistance ce qui peut nuire à son rendement. Un manque d’alternance et quelques scories logiques à une position si exposée. Il a besoin d’être mis en confiance et reste redoutable quand il est protégé. La prolongation de deux saisons est une marque de confiance du club méritée. Mais Thibauld Suchier s’affirme avec beaucoup de consistance. Clairement, depuis son installation définitive à l’ouverture, les prestations s’enchaînent et sont manifestes. À 26 ans, la maturité est enfin au RDV pour ce joueur baladé à l’arrière et qui a opté pour s’installer définitivement en tant qu’ouvreur. Suchier (197 points, 16 essais en 5 saisons) fut également conservé deux saisons supplémentaires, c’était le souhait de David Aucagne. Bien sûr, le jeu au pied doit faire partie de sa préparation ultime pour arriver à ses fins. Parfois une tendance à s’isoler de ses partenaires, du fait d’une vitesse au-dessus de la moyenne et d’une lucidité qui se travaille avec l’expérience. Mais son début de saison est comme celui de Julien Blanc. Convaincant à plus d’un titre, jusqu’à bouleverser les habitudes et certaines cases. Abondance de biens ne nuit pas selon l’expression consacrée. Avec ces profils, Béziers possède une richesse certaine avec des joueurs confirmés ou en devenir. Et chacun d’entre eux aura sa carte à jouer, notamment ce dimanche pour le derby face à l’USAP. Un match charnière.

Rémy RUGIERO