Edmonds, en route pour l’histoire ?

20/11/2015
Cela fait désormais trois ans que Manny Edmonds est entraîneur de l’ASBH. L’heure de tirer un premier bilan comptable et de se pencher sur l’évolution du jeu Biterrois.

L’ASBH n’avait pas connu ça depuis Olivier Saïsset ! Manny Edmonds a fêté ses trois ans à la tête de l’équipe Biterroise ce mardi 17 novembre (le 17 novembre 2012, il dirigeait son premier match face à Carcassonne, défaite 10-14). Trois ans d’affilée à la tête de l’ASBH, cela n’était plus arrivé depuis qu’Olivier Saïsset a quitté son poste en mai 2008. L’ancien troisième ligne aile de l’ASB était en place depuis l’été 2005.
Ce n’est qu’avec sa courte expérience d’entraîneur des Espoirs de l’USAP que Manny Edmonds est arrivé à Béziers le 8 novembre 2012. A ce moment là, l’ancien demi d’ouverture Australien prend en charge l’équipe Première de l’ASBH aux côtés de Christophe Hamacek et d’Andrew Merthens. Une équipe Biterroise en grande difficulté qui a déjà connu deux staffs différents en quatre mois de championnat. Quatorzième au classement après dix matchs, trois victoires au compteur, une place de pire défense du championnat avec 33 points encaissés en moyenne par match, bref Béziers est (presque) au plus mal. Alors investi comme manager général lors de ce nouveau changement de staff, Andrew Merthens nous avait expliqué que même s’il n’avait jamais entraîné au niveau professionnel, l’approche du métier par Manny Edmonds allait être « très moderne, exigeante mais ouverte. Sa force australienne, c’est le focus sur les habilités et les petits détails. Il veut que les joueurs vivent une bonne progression comme il a pu avoir, c’est à dire progresser en se faisant plaisir, en optimisant ses forces et en améliorant ses faiblesses ». Petit à petit, Manny Edmonds semble arriver au bout de ses idées.

Une attaque en constante progression, à l’inverse de la stabilité défensive

Sur un plan purement comptable, il ne cesse de voir le rapport victoires/défaites augmenter au fil des saisons. En 2012-2013, les Biterrois remportent sept des vingt matchs dirigés par l’Australien, pour douze défaites et un match nul. Le ratio victoires/défaites est quasi similaire la saison suivante, avec onze victoires, un match nul et dix-huit défaites. Ce n’est qu’à partir de la saison 2014-2015 que le rapport va tendre vers l’équilibre avec quatorze victoires et seize défaites. Actuellement, l’ASBH affiche au compteur six victoires pour trois défaites.
victoires-défaites edmonds

Cette évolution s’explique par une progression permanente du groupe rouge et bleu sur le plan de l’attaque depuis l’arrivée de l’ancien joueur de Bayonne. La priorité étant donnée à la défense avec Christophe Hamacek lors de la prise de fonction du nouveau staff, l’attaque n’a pas montré de progrès significatifs pendant la première moitié de son mandat. Or, depuis la saison dernière, le travail de Manny Edmonds porte ses fruits. En moyenne, les Biterrois ont inscrit cinq points de plus par matchs entre les saisons 2013-2014 et 2014-2015 avec une moyenne de deux essais inscrits par match. Une progressions plus spectaculaire est constatée depuis le début de la saison avec 28 points marqués en moyenne, dont une large part est due aux 108 points passés lors des deux derniers matchs à domicile face à Aurillac et Carcassonne.

Points marqués-essais marqués

En revanche, sur le plan défensif, on ne note pas une importante progression en terme comptable. C’est davantage dans le comportement des joueurs dans des situations de défense qui a évolué depuis trois ans.

Points encaissés - essais encaissés

Troisième lignes à l’Australienne et stabilité à la charnière pour un jeu de mouvement

Sur le terrain, la patte de Manny Edmonds se fait ressentir depuis le début de la saison. Et cela passe par le choix des hommes. A défaut de posséder le pack le plus solide du championnat avec des avants besogneux et moins techniques, le coach Biterrois aligne un pack mobile, symbolisé par des troisième lignes dont le profil très athlétique se rapproche de leurs homologues Australiens. Lors de sa première intersaison avec l’ASBH, Manny Edmonds avait déjà fait le choix de privilégier ce type de joueur en conservant Elvis Lévi dont le profil correspondait davantage au projet de jeu qu’essayait de mettre en place Edmonds. Ainsi, François Ramoneda, Rémi Bourdeau, Jean-Baptiste Barrère ou encore Lasha Lomidze entrent parfaitement dans les petits papiers de l’Australien.

Au delà des avants, un jeu total est prôné où l’ensemble des joueurs sont concernés, de la charnière jusqu’aux ailiers. Ces derniers font partie intégrante d’un système dans lequel des redoublées pour créer des espaces aux ailiers sont effectuées et où la puissance de certains joueurs comme Conrad Marais ou Joe Vakacegu est utilisée pour mettre à mal les défenses adverses. Un jeu de passes et de mouvement est mis en place depuis cet été : soutien permanent, passes après contacts,… les joueurs semblent y trouver leur compte et prennent du plaisir.

Manny Edmonds semble également avoir instauré une stabilité au niveau de la charnière Biterroise. A son arrivée au club, quatre demi-de-mêlées (Johnny Howard, Mathieu Siro, Thibaut Bisman et Matthieu Cambérabéro) et trois demi d’ouvertures (Gérard Fraser, Charly Malié et Simon Vilaret) se partageaient leurs postes respectifs. Au final, huit charnières différentes auront été utilisées en vingt matchs. Autant dire que la stabilité n’était pas à l’ordre du jour. La saison suivante, Jérémy Chaput, Thibaut Bisman et Matthieu Cambérabéro sont en concurrence à la mêlée, de même pour Charly Malié, Thibauld Suchier, Danré Gerber et Thomas Fournil à l’ouverture. Huit charnières différentes seront alignées au court de la saison, avec beaucoup de variations au poste de demi d’ouverture, Jérémy Chaput ayant débuté vingt-quatre rencontres sur trente. Une stabilité verra le jour à partir de la saison suivante avec l’association Valentine-Suchier. Le demi de mêlée, titulaire à ce poste 19 fois, et le demi d’ouverture, titulaire à ce poste 24 fois, auront débuté ensemble quatorze rencontres. Thibault Bisman (et Matthieu Billou lors du dernier match face à Mont-de-Marsan)et Thomas Fournil se partageront le reste du temps de jeu (Danré Gerber ayant été titulaire à l’ouverture à Montauban). Cette saison, les postes et associations semblent être clairement définis. Josh Valentine est à nouveau numéro un dans la hierarchie des demi de mêlées ( 8 titularisations sur 9). Il en est de même pour Lachie Munro à l’ouverture (9 titularisations sur 9). Un apport de stabilité et de continuité au fil des matchs qui ne pourra être que bénéfique.

Les cinq matchs clés de Manny Edmonds

12 janvier 2013, Béziers – Lyon : 20-16
C’est la première victoire de Manny Edmonds avec l’ASBH. Depuis son arrivée, les Biterrois ne lui avait jamais offert la victoire. Dans un match serré, les Rouge et Bleu répondront à l’essai de Raffault et aux trois pénalités de Loursac par une essai de Jean-Baptiste Peyras-Loustalet et cinq pénalités de Fraser. L’opération maintien pouvait alors vraiment débuter !

23 mars 2013, Béziers – Tarbes : 11-3
C’est la deuxième victoire clé de l’Australien, peut-être la plus importante depuis le début de son mandat. Englué à la 15ème place depuis la 14ème journée, et une défaite à domicile contre Oyonnax 28-33, Béziers reçoit Tarbes. Dans la difficulté, les Biterrois s’imposent 11-3 face au TPR grâce notamment à un essai en solitaire de Jean-Baptiste Peyras-Loustalet. Avec ces quatre nouveaux points, l’ASBH sort de la zone rouge et n’y retournera pas, sauvant ainsi sa peau en ProD2.

16 février 2014, Lyon – Béziers : 52-5
Les Biterrois ne partaient pas chez le leader Lyonnais dans l’optique de ramener les quatre points de la victoire à La Méditerranée. Avec une équipe remaniée, l’ASBH n’opposera pas une grande résistance. Huit essais, six transformations contre un seul essai de Thibauld Suchier. Béziers n’espérait rien et n’en a rien retiré, si ce n’est que c’est la plus lourde défaite de Manny Edmonds.

20 septembre 2014, Colomiers – Béziers : 9-12
Plus de deux ans après, Béziers gagne enfin à l’extérieur ! Une libération pour des Biterrois qui avaient frôlé l’exploit à plusieurs reprises auparavant. Cette victoire sur la pelouse de Michel-Bendichou aura été un véritable déclic. Dans un match fermé, les troupes de Manny Edmonds s’en étaient remis à la botte de Thomas Fournil après avoir couru après le score durant tout le match.

17 janvier 2015, Béziers – Massy : 63-14
C’est tout simplement la plus grosse victoire de l’entraîneur australien depuis sa prise de fonction. Huit essais, sept transformations, trois pénalités, un écart de 49 points… Béziers s’était fait plaisir ce soir là et faisait tomber un record datant d’il y a 10 ans, acquis contre Padoue en Challenge européen.

Manny Edmonds, un record à faire tomber

Comptablement, le bilan de Manny Edmonds à la tête de l’ASBH n’est pas encore positif (38 victoires en 89 matchs). En revanche, le jeu des Biterrois a indéniablement progressé depuis trois saisons. Moins axé sur la puissance des avants, le travail de l’Australien pour la mise en place d’un jeu de mouvement porte ses fruits.
En fin de contrat à l’issue de la saison, l’ancien joueur de l’USAP dispose d’une année optionnelle en plus. Si elle est activée, cela lui permettrait de faire tomber un vieux record de longévité. En effet, Manny Edmonds est entraîneur de l’ASBH depuis trois saisons, comme l’ont pu l’être Alain Hyardet ou Olivier Saïsset. Toutefois, aucun entraîneur n’a dirigé le club quatre saisons de suite depuis le départ… de Raoul Barrière en 1978 (il était en place depuis 1969) ! La continuité ne concerne pas uniquement le sportif. L’actuelle présidence du club, composée du duo Cédric Bistué – Pierre-Olivier Valaize, n’est que la deuxième qui aura dirigé le club au moins cinq ans, à l’issue de la saison, depuis l’avènement du professionnalisme. Une stabilité payante au vue de l’évolution du club à tout niveau au fil des années.

Maxime GIL