Face à face présidents-supporters : enfin de la transparence !

28/09/2020

Deux mois après l’annonce de leur prise de fonctions et deux semaines après leur intronisation officielle, les nouveaux co-présidents de l’ASBH, Michaël Guedj et Jean-Michel Vidal, ont longuement reçu les associations de supporters lors d’un rendez-vous initié par Rugbiterre. Pour la première fois depuis des années, les présidents ont accepté de répondre à toutes les questions en toute transparence, au cours d’un entretien de près de trois heures, dans le but d’apaiser les tensions et d’ouvrir un nouveau chapitre pour l’ASBH. 

Quel est l’organigramme de la SASP Béziers Rugby ? 
MG – JMV : Jean-Michel Vidal est président du Directoire, moi président du conseil de surveillance. Nous avons également Bruno Boivin, qui a une expérience dans le juridique et la finance, qui est une personne très importante pour le club. En mettant une personne comme lui à la tête du financier, on est sûrs et certains qu’il ne cachera rien. Mieux que lui on aurait pas pu trouver. Ce sont les trois personnes qui dirigeront le club. Le Directoire est composé de Jean-Michel Vidal, Bruno Boivin et Didier Miquel.   

Quant à Pierre-Olivier Valaize, Cédric Bistué et Claude Patin puisque vous insistez  ils n’ont plus de responsabilités dans le gestion du club.

Comment sont répartis les 100% des actions du club ?
MG : Passion d’Ovale possède 91% de la SASP, 9% sont composé de petits actionnaires dont je fais partis.

Pierre-Olivier Valaize, Cédric Bistué et Claude Patin ont démissionné. Pourquoi pas les autres vice-présidents, à savoir Didier Miquel, Hervé Billaud, Christophe Adriet et Cédric Braida ?
MG : Je ne comprends pas trop la question ? Pourquoi devrais-je me séparer d’eux sachant qu’ils sont actionnaires ? Ça ne veut pas dire qu’ils dirigent le club. Didier Miquel a un rôle très important car il est en autre président du Centre de formation. Les autres amènent aussi leur contribution . Quel intérêt pour nous de se séparer d’actionnaires qui mettent de l’argent chaque année ? Ne confondons pas tout. De plus, ils sont cautions pour des crédits que le club a contracté.

Où en est-on de la fin de Passion d’Ovalie ?
MG : Passion d’Ovalie détient 91% des parts de la SASP Béziers Rugby. Notre but aujourd’hui, c’est de racheter ces 91% de parts. On souhaite récupérer les parts de la SASP et non pas Passion d’Ovalie. Mais il faut réfléchir comment récupérer ces cautions car il y a des crédits en cours.

C’est une certitude, on va le faire avant la fin de l’année. Il faut qu’on tombe sur un accord pour le mode de règlement. Plus tôt ce sera fait, mieux on se portera. Après, c’est juridique.

Le rachat de parts ne veut pas dire que les actionnaires de Passion d’Ovalie récupéreront de l’argent, mais servira tous simplement à épurer les dettes et en cours. Notre volonté serait de récupérer les parts de la SASP une fois l’audit terminé et la SCIC crée. Et donc ni la SCIC, ni la SASP ne seraient responsable de dettes non connues.

Combien cela va-t-il coûter ? Qui va payer ?
MG : Nous avons une idée de combien cela va couter, bien entendu. Qui va payer ? En tout cas, ce n’est pas le peuple biterrois. Une dette peut s’étaler sur une durée à court ou moyen terme sans pour autant mettre en difficulté le club, il suffit de savoir où on en est. Une bonne gestion et l’arrivée de nouveaux partenaires et sponsors assureront une bonne stabilité du club.

Dans un premier temps, ce sont des entreprises biterroises qui ont la volonté de nous rejoindre, même certaines qui ont pu croire au projet Émirati, ainsi qu’une gestion financière rigoureuse qui devraient nous aider à diminuer des frais inutiles ou trop onéreux, sans pour autant diminuer la compétitivité de notre équipe de rugby.

Qui est le véritable patron dans le club, pour l’heure encore détenu majoritairement par une société dont vous n’êtes pas responsables ? 
MG : Les patrons du club ce sont ses présidents , c’est donc Jean-Michel Vidal et moi-même. Pour la bonne stabilité du club, on ne veut pas travailler pour les six mois à venir. On travaille sur un plan de stabilité sur les trois prochaines saisons. Pour cette année, nous avons énormément travaillé sur un budget équilibré. Après, les dettes, c’est, je le répète, un autre problème qu’on résoudra. De toute façon, je crois que nous n’avons pas d’autres choix ?

Concernant les sociétés satellites, vous avez annoncé avoir racheté la brasserie. Combien cela a-t-il coûté au club ? Quels sont les revenus espérés ?
MG : Sans rentrer dans les détails, Claude Patin a perdu de l’argent sur le rachat de la brasserie par le club par rapport au prix d’achat. Les revenus seront anecdotiques par rapport à la gestion du club. Cette brasserie est très importante parce qu’elle est bien gérée. Si le club en tire un bénéfice, c’est  la moindre des choses. 

Après, notre but est de racheter tous les actifs petit à petit. 

Quels contrats existent encore ? Jusqu’à quand ? 
MG : Quand le club a eu besoin de fonds, le club s’est séparé d’actifs en vendant les buvettes,. Cela fait partie des actifs que nous souhaiterions récupérer . 

On ne peut pas dire que cette gestion soit très bonne à long terme, mais franchement, je ne me rendais pas compte du rôle de président et toutes ses difficultés. Mais par certitude, beaucoup d’autres clubs font exactement la même chose. Apres c’est certainement pas ce que nous souhaitons continuer.

Pour ceux qui rétorquerons que je suis actionnaire depuis quatre ans et que je ne devrais pas m’étonner de ces pratiques et de la gestion du club, je ne peux leur répondre que d’être actionnaire, ce n’est pas diriger, et que j’avais beaucoup d’autres occupations dans ma vie  qui ne me permettaient d’être aussi présent pour le club que souhaitable, et du coup, je ne pouvais pas comprendre tous les rouages et le fonctionnement du club. Ce que je ne pourrais plus dire maintenant.

On nous a beaucoup reproché la communication et du coup mon poste de président de la communication. C’est un titre que j’ai hérité par le plus grand des hasards et qui ne me correspond en rien.

Aujourd’hui, ce sont tous ces points là, entre autres, que nous allons essayer d’améliorer. Mais pensons au futur plutôt que de toujours critiquer le passé. Même si on peut reprocher encore une fois la gestion financière du club, sur le plan sportif, le club est toujours à ce jour en ProD2. Ce qui n’est déjà pas si mal. Ne comptez pas sur moi pour vous annoncer des objectifs que nous ne saurions pas tenir.

Aujourd’hui, quel est l’état financier du club ?
JMV : Le passif ne nous concerne pas outre mesure. L’objectif est d’avoir un budget qui tienne la route et d’arriver en fin d’année sans devoir le moindre centime à qui que ce soit. C’est en passe d’être résorbé grâce aux actionnaires, grâce aux 400 000€ d’économies qu’on a réussi à faire, grâce aux collectivités locales qui nous suivent et à de nouveaux partenaires qui viennent. Mais ça ne veut pas dire qu’on bouche le trou. 

Où en est l’audit du club ?
MG : Il a été lancé officiellement. Encore une fois, ça fait partie du passé. Je ne m’en préoccupe pas, je laisse faire le cabinet avec nos responsables financiers. Pour ma part, je dois m’occuper du présent et du futur.

A quoi servira la création de la SCIC ?
MG-JMV : La SASP sera toujours présente contrairement aux premières idées. La SCIC sera juste une société mixte actionnaire du club pour certainement 91% du club. Elle servira a plus de transparence, de stabilité financière et j’espère sportive.

Quelle place sera accordée aux supporters dans la SCIC ? 
MG : Je ne suis pas personnellement responsable de cette futur SCIC, ni devrais en faire partie. Je ne pense pas qu’il y ai une place pour des supporters de rugby dans une SCIC qui ne gèrera pas que le club ASBH. Je crois plus en création de socios en lien avec le club.

Quel est le budget exact pour la saison 2020-2021 ? Quelle est la masse salariale sportive pour la saison 2020-2021, qui va baisser de 120 000€ ?
MG : 7,2 millions d’euros avec une masse salariale d’environ 2,7 millions d’euros. On est le seul club de France à ne pas avoir baissé les salaires durant le Covid.

Malgré cette baisse, vous avez parlé d’une « meilleure équipe que l’année dernière » dans Midi libre…
MG : Je parle d’une meilleur équipe parce que j’entends que nous ne sommes pas plus faibles que l’an passé ! Déjà, ce n’est pas sympa d’entendre cela pour les joueurs de la part de certains supporters  alors que trois matchs seulement ont été disputés.

Concernant l’effectif, Plazy vient d’un grand club où il a fait quelques matchs en Top 14 et on a perdu Douglas… On a pris Tedder à l’ouverture : on ne peut pas dire qu’on ait perdu au change, d’autant qu’on a perdu personne en 10. On a pris Goillot qui vient de La Rochelle et qui a de l’avenir : est-ce qu’il ne peut pas être aussi bien pour Béziers que Pic ? 

En troisième ligne on perd Meafua et Viiga qui devaient être remplacés par Alex Tulou. Les évènements que vous avez tous suivis nous l’ont fait perdre, que pouvions-nous faire ? Et Sias Koen qui lui vient tout juste  d’arriver. Quand à Ebershon, même si il n’a pas encore montré son potentiel, est ce qu’on peut dire que c’est une mauvaise recrue avec tout ce qu’il démontré depuis des années ?

Un autre joueur qui nous a abandonné lors du premier match, c’est une partie du public, on l’aurait eu, peut être que ce match on l’aurait gagné ?

Un objectif sportif a-t-il été fixé ?
MG : Cette année, on a un impératif : se maintenir et construire sur l’avenir. Dès maintenant, on travaille plus sereinement sur le sportif. On doit plus travailler sur nos jeunes et la prospection.

Cela nous empêche pas d’être ambitieux mais je me répète  cela ne sert à rien de promettre mont et merveille si on ne peut tenir ses promesses.

Tristan Tedder peut retourner au Stade Toulousain. A quel moment le saura-t-on ? 
MG : Nous avons fait la demande. Pour l’instant, nous n’avons pas de réponse. Oralement, Toulouse ne s’est engagé à récupérer Tedder que pour les matchs internationaux de l’automne.

Est-il prévu un joker pour Saldadze ? 
MG : A chaque fois qu’on prend un joker, il faut repasser devant la DNACG. Mais c’est une certitude, il y aura un joker pour Saldadze. On travaille sur le dossier.

Qui sera le sponsor maillot à la suite du départ d’Angelotti ?
MG : On se casse la tête comme des malades. C’est compliqué de reprendre la suite d’Angelotti. Aujourd’hui, il y a des entreprises qui seraient prêtes à venir mais qui, vis-à-vis d’Angelotti, ne viennent pas parce que vu comment il s’est fait dégager… Angelotti c’était 500 000€ par an. Son remplaçant est en vue, mais ce ne sera pas 500 000€.

Vous êtes là en intérim : à quel moment considérerez-vous votre mission terminée ? 
JMV : J’estimerai que le club ne risque plus rien quand financièrement tout ira bien, quand seront rentrés des partenaires sur 4/5 ans, que les loges seront montées (entre 500 et 600 000€ de plus par an pour le club). Une fois tout ça, j’estimerais que je n’ai plus rien à faire là. Je n’ai pas vocation à être président ad vitam aeternam.

Le maire avait annoncé un « gros sponsor ». Où en est-on ? 
JMV : Je vous garantie qu’il travaille dessus. Là, il en emmène deux. Les deux arrivent au niveau d’Angelotti. C’est déjà pas mal !
MG : Il y a des nouveaux partenaires qui nous rejoindrons très vite mais pas avant la création de la SCIC.

Robert Ménard a été très présent ces dernières semaines autour du club. Quelle est son influence ?
MG : Des personnes me traitent de marionnette : tout simplement ces personnes ne me connaissent pas. Je pense que des personnes se servent de l’ASBH ou du sport en général pour faire de la politique. Ce n’est pas mon cas.

Son influence est tout simplement de pas laisser le club sombrer et ne pas nous lâcher et nous accompagner pour le bien et le futur du club, tout en étant certain que le club soit bien géré. Que peut-on reprocher à cela ?

On peut quand même dire merci au maire parce qu’il a mis les pieds dans le plat et s’est beaucoup impliqué pour la survie du club. A la limite je pourrais comprendre la réticence des non amateurs de rugby, mais des reproches venant de supporters de l’ASBH, j’avoue ne pas tout comprendre.

Pourquoi mettre en place des matchs à 10€ ?
MG : Je prends la responsabilité d’avoir mis les places pour ce match de gala à 10 euros pour justement remplir la tribune, c’est quand même plus agréable pour les joueurs et la tribune présidentielle de la voir en ébullition avec vous tous.

En effet, je ne pense pas que la plus grosses rentrée d’argent soit les entrées au stade, mais l’importance d’une tribune pleine est bien aussi importante.

Après, les mêmes qui critiquaient qu’un match de gala soit plus cher (comme dans tous les clubs) sont certainement les mêmes qui nous critiquent aujourd’hui de les avoir mis à 10 euros.

En conclusion, j’espère que tout le monde prendra conscience qu’il est enfin temps de ranger la hache de guerre, que tout le monde fasse son mea-culpa et qu’ensemble on regarde demain pour le bien de notre institution.

 

Malgré le contexte de défiance vis-à-vis du club depuis quatre mois, nous tenions sincèrement à remercier Jean-Michel Vidal et Mickaël Guedj d’avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions et d’essayer d’assumer un passif qui n’est pas forcément évident pour eux tout en essayant d’apaiser la situation avec les supporters pour ouvrir un nouveau chapitre plus serein.