Chronique de la Rambarde : pourquoi Béziers suscite la crainte ?

10/04/2018

François Ramoneda et ses coéquipiers sans complexes à l’approche des phases finales

Après une très longue période de disette, d’absences des débats répétées, de relatif anonymat n’ayons pas peur des termes, l’ASBH retrouve la lumière. L’agréable sensation d’être parmi une bataille séduisante forte d’ambitions et d’espoirs. Sans aller plus loin que le quotidien et le prochain match à la Méditerranée, le peuple Biterrois peut savourer avec délectation la tournure des événements. Béziers jouera les phases finales, fruit d’un remarquable parcours et d’une régularité qui interpelle la concurrence.

SUR LA PHASE RETOUR, L’USAP ET BÉZIERS S’ENVOLENT

Il est toujours pratique et bienveillant de rappeler d’où l’on vient. Surtout quand vous avez traversé des périodes de doutes, d’incompréhensions et d’échecs. L’ASBH a eu droit de connaître ces semaines inquiétantes voire amères. Incontestablement, cette crise passagère aura permis aux Héraultais de se sublimer, c’est une certitude. Au soir de la cuisante défaite face à Soyaux-Angoulême, rares ceux qui auraient parier une rédemption aussi spectaculaire au fil des semaines. Même que certains s’étaient jurés de ne plus remettre les pieds au stade, qu’on se le dise. Pourtant malgré un scepticisme de rigueur à l’époque, les déçus seront de retour si ce n’est déjà fait. N’y voyez vous pas plus belle récompense pour tout un club qui a su gérer l’incertitude pour s’offrir un Printemps radieux ? Si nous rentrons dans le vif du sujet, quelques prémices furent déjà présents la saison dernière. Des comportements en adéquation avec une progression globale. Assez convaincants pour amorcer la reconquête, c’est bien de cela dont il s’agit. Le succès à Albert-Domec appuyé par une colonie de Biterrois toujours aussi colorée et bruyante n’est que le reflet d’une année 2018, sportivement intense et qui ne doit rien au hasard. Seul l’USAP parvient à faire mieux sur les 15 dernières rencontres, grandissime favori pour la remontée en Top14. Des résultats probants pour intégrer le peloton des qualifiables sans sourciller.

Les progrès affichés dans la conquête directe, la solidarité défensive ainsi que le domaine de la discipline, sont des marqueurs importants qui confèrent une certaine maturité emmagasinée au fil des rencontres. Si l’immense succès à Aimé-Giral fut héroïque pour les Rouge et Bleu, le véritable tournant de cette fin de saison fut la victoire à Colomiers. S’il fallait démontrer une dernière fois la capacité des hommes de David Gérard et David Aucagne, afin d’être invités au festin et se mêler à la lutte avec force et bravoure, ce jour-là l’ASBH avait pris une nouvelle dimension. Depuis ce match référence dans nombres de secteurs, la méfiance semble de mise auprès des adversaires. Non pas que l’on devienne patron incontestable de la division en l’espace d’un bloc; mais l’assurance d’être estimés par tous, ce qui constitue avouons-le déjà un très bon signe à court et moyen-terme. 4 victoires consécutives à l’extérieur, 2 ème bilan de la saison, meilleure attaque et réalisations d’essais loin de leurs bases, l’ASBH s’est construite une réputation flatteuse et justifiée. Affirmer un groupe qui propose un jeu d’avants cohérent, un turn-over du groupe savamment dosé par le staff et qui porte ses fruits en relation avec cette fraîcheur qui détonne à la conclusion de la compétition. L’aventure mériterait un magistral épilogue..

BÉZIERS, L’ÉPOUVANTAIL REDOUTÉ ?

Du coup, la série en cours et les contenus proposés font parler dans les chaumières. Les hommes du capitaine Jonathan Best sont en pleine confiance. Le jeu de passes, les prises de risques, les intervalles trouvées témoignent cette réalité. Et le fait de rencontrer les Biterrois durant les phases finales n’est pas un véritable souhait. En gros c’est l’équipe en forme qui peut vous terrasser hors de ses bases, se déplacer dans votre antre pour gâcher votre entreprise. On exagère ? Oui sûrement, mais comment expliquer cette défiance auprès de l’ASBH si ce n’est qu’elle suscite la crainte. Physiquement, le travail de sape à l’intersaison et poursuivi durant le championnat est à juste titre à son avantage. Très souvent, Béziers parvient à ses fins notamment en seconde période, les exemples sont légions. Mentalement, les joueurs d’expérience ont insufflé une rigueur et une prise de conscience. Tactiquement, les postes-clés s’approprient aisément ou presque le contexte, c’est peut-être d’ailleurs le principal trait de caractère des Héraultais cette saison : l’adaptation par le jeu et les hommes. Au gré des compositions concoctées par les entraîneurs, parfois avec une dose de jeunesse exacerbée, les Biterrois furent dans les clous. Si Béziers connaît des moments heureux, c’est aussi grâce à la qualité de sa formation, symbolisée par l’équipe ayant le plus utilisé de JIFF au cours du ProD2. Une aubaine pour anticiper l’avenir.

Si sportivement la saison sera quelle que soit l’issue une réussite, il conviendra aussi d’envisager la suite. Le relais pour ainsi dire avec l’éclosion de quelques joueurs en devenir et l’écrémage d’un effectif symbolisé par de nombreux départs. Sans se projeter aussi loin, la construction du groupe a déjà commencé. D’autres départs et pas des moindres seront annoncés. Les historiques et les garçons ayant connu les premiers frémissements du club pendant et après l’épisode douloureux de la Fédérale 1 pourraient le confirmer. Si bien des choses sont à consolider et structurer, le virage pris doit être le moyen de franchir un palier. Définitivement. Revenir dans le concert des équipes chevronnées n’est pas une fin en soi. C’est le principal défi qui attend la direction qui devra prendre les bonnes décisions à l’aube d’un projet attendu et nécessaire. Mais nous n’allons pas bouder notre plaisir, la formation Rouge et Bleu procure des sensations presque oubliées. Des scènes de liesse conjuguées aux records qui s’abattent les uns après les autres. Le bruit des sirènes et des convois de supporters, entrevus lors des derniers déplacements, uniques par l’ampleur et la passion engendrée. Une chance qui doit permettre à l’environnement du club de converger vers un objectif incroyable. Sans pression négative dorénavant, avec la seule envie d’écrire son histoire, l’ASBH et ses joueurs peuvent bousculer l’ordre établi. Seul contre tous, un rôle taillé sur mesure !

Rémy RUGIERO