1984 l’ultime Brennus: la machine à gagner (1/5)

26/05/2014
A l’occasion des trente ans du dernier titre de l’A.S.B, Rugbiterre vous propose tout au long de la semaine un retour sur cette saison 1983-1984 ainsi que sur la finale historique.

Et une fois de plus, Pierre Lacans était là, en tribune présidentielle, soulevant ce « bout de bois », le planchot… ce Bouclier de Brennus qui n’avait demandé qu’à revenir au balcon du théâtre une dixième fois en cette année 1983, après avoir passé un an du côté d’Agen. Béziers se devait de récupérer son bien. Le dernier obstacle se nommait le Racing Rugby Club de Nice.

Samedi 28 Mai 1983, Béziers-Nice, Parc des Princes. Un match qui restera dans les mémoires. Et ce, avant que la finale n’ait débuté. Roger Couderc allait commenter ce soir là sa dernière finale de championnat de France de Première Division. Côté rugby, l’histoire retiendra que le stade fut envahi par les supporteurs Biterrois… à la suite de l’essai de Philippe Escande, essai qui donnera un avantage définitif aux joueurs de Claude Saurel. L’ASB est championne par 14-6. Un dixième titre pour des Biterrois qui poursuivent leur domination sur le championnat de France, entamée lors de la décennie précédente face à Toulon en 1971 (15-9).

Le titre des Juniors comme point de départ.

Ce dimanche 16 mai 1971, sur la pelouse du Parc Lescure de Bordeaux, René Séguier (auteur d’un doublé) et ses quatorze autres coéquipiers allaient donner naissance à une machine à gagner. Une équipe qui allait dominer de la tête et des épaules le rugby français, quinze années durant.
Le point de départ de cette génération dorée fût très certainement ce titre de champion de France Junior en 1968. Le 9 Juin, les jeunes Biterrois s’offrent le scalp de Biarritz de façon plutôt déconcertante. En effet, le score étant de 6 à 6 à l’issue du match, Béziers est champion au bénéfice de l’essai de… Jack Cantoni, les Biarrots n’ayant inscrit que des points au pied. Déjà entrainés par Raoul Barrière, l’équipe était composée de neuf futurs champions de 1971 : Jean-Louis Martin, Jean-Pierre Hortoland, André Buonomo, Georges Senal, Richard Astre, Henri Cabrol, Olivier Saïsset, Gérard Lavagne et Jack Cantoni. Ils ne le savaient pas encore, mais à eux neuf, ils allaient créer une légende.

Beziers-Reichel_1968

Finales et titres s’enchaînent alors avec six boucliers de Brennus remportés pour sept finales disputées : Toulon, Brive, Narbonne, Perpignan et Montferrand ne peuvent rien face aux Rouge et Bleu. Seul Agen parviendra à vaincre l’ASB lors d’une finale, en 1976 (13-10). L’Association Sportive Biterroise aura toujours été au rendez-vous des phases finales. Son plus mauvais résultat aura été lors de la saison 1978-1979 avec une élimination en huitième de finales par Bagnères, 6-9.

La fin de l’invincibilité

Un résultat décevant, s’expliquant par plusieurs facteurs. Tout d’abord, Richard Astre avait arrêté sa carrière. Le départ du « Roi Richard » a laissé un vide au sein de l’équipe. Plusieurs semaines plus tard, le club change radicalement avec l’annonce du départ de Raoul Barrière. Le sorcier de Sauclières paie sa mésentente avec Alain Estève. Une sortie peu glorieuse pour celui qui aura œuvré pour emmener l’équipe à son niveau. Un dernier match face à Gaillac, le 8 octobre 1978, en guise de baroud d’honneur. Son groupe lui offrit tout de même la victoire, 16-9.
Le groupe est alors en autogestion avec Henri Cabrol, Jack Cantoni, Jean-Louis Martin et Olivier Saïsset. Ce dernier devient seul entraineur la saison suivante (1979-1980) et conduit ses anciens coéquipiers à un nouveau sacre face à Toulouse (10-6). Durant cette saison, le plus gros score pour un match de l’ASB est réalisé face à la modeste équipe de Montchanin avec, en prime, onze essais pour Michel Fabre (100-0). Un record cherché par l’équipe, sur ordre de Jack Cantoni.

La fin de cette décennie marqua un réel changement au sein du club. Petit à petit les pionniers s’en vont, des nouveaux assurent la transition avant l’éclosion de nouveaux jeunes. Ainsi, Cantoni, Séguier, Cabrol, Astre, Saïsset, Senal laissent place aux Paco, J.P. Pesteil, Palmié, Fabre, Escande, Lacans ou autre Cordier.
A partir de la saison 1980-1981, Claude Saurel prend les manettes de l’équipe. Un titre est au bout, face à Bagnères (22-13). La saison 1981-1982 est peu glorieuse. Le 11 octobre 1981, La Voulte réalise l’exploit de faire tomber Béziers chez lui, dans son antre de Sauclières après plus de 12 ans d’invincibilité, la dernière défaite à Sauclières remontant au 5 janvier 1969. En cette année 2014, où tous les regards étaient portés sur le « record » de l’ASM et de ses quatre années invaincue dans son Michelin, pareil exploit est à relativiser avec ce que cette équipe de l’AS Béziers aura réalisé pendant cette décennie. Les Biterrois s’arrêteront en huitième de finale face à Lourdes en 1982.

d76bf

L’ASB prend rendez-vous pour la saison suivante qui s’avérera beaucoup plus prolifique. Certainement vexés par leur saison précédente, les Biterrois ne font pas de détails : Toulouse, Perpignan et Bayonne ne peuvent arrêter Pierrot Lacans et ses coéquipiers. Ce dernier soulève son quatrième bouclier face à Nice (14-6) ce soir de mai 1983.

Malgré ce titre, Claude Saurel n’est pas maintenu à son poste d’entraineur. Le troisième ligne, titré en 1968 avec les Juniors, laisse sa place à deux champions de 1961 : Francis Mas et Roger Bousquet, soit un ancien pilier et un ancien demi d’ouverture. Béziers n’est pas rassasié et à encore soif de titres. Bagnères, Montauban, Tarbes, Hyères, Castres, Oloron et Carcassonne, choisis par les hasards du calendrier pour affronter les Rouge et Bleu en cette saison 1983/1984 sont prévenus… « Pas grand-chose a changé. Il y avait un effectif quasi identique, un système de jeu rodé, des lancements bien huilés. » se souvient Philippe Bonhoure. Mais il y avait surtout « une ambition intacte » 

Maxime GIL
© Tous droits réservés / Mai 2014