Romain Carmignani : La force tranquille

23/02/2013

Durant la semaine de repos, Rugbiterre vous propose le portrait du capitaine biterrois, Romain Carmignani. A 29 ans, il n’a connu que trois clubs professionnels avec lesquels il s’est forgé une belle expérience. Il retrace pour nous son parcours, ses moments durs la saison dernière à La Rochelle et son arrivée à Béziers.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre enfance ?
Je suis natif d’un petit village ardéchois qui s’appelle Cruas situé dans la vallée du Rhône entre Valence et Montélimar. j’ai eu une enfance heureuse, avec des parents et un grand frère très proche de moi, toujours à l’écoute et attentifs au moindre problème que nous avions mon frère et moi.Nous avons pratiqué beaucoup d’activités avec mon frère (lutte, foot, hand, rugby, basket) durant notre enfance.

Comment avez-vous découvert le rugby ?
J’ai découvert le rugby dans mon village. la plupart de mes amis d’enfance le pratiquait ainsi que mon grand frère. je m’y suis donc mis moi aussi.

Déjà, plus jeune, pensiez-vous un devenir rugbyman professionnel ?
Non pas du tout, je pratiquais beaucoup d’autres sports, le rugby était pour moi un jeu comme un autre, une activité pour se défouler. C’est que plus tard dans mon adolescence que j’ai pris conscience que je pouvais en faire mon métier. En effet, lorsque j’ai intégré le pôle espoir de Villefranche sur Saône, j’ai réalisé que ma passion pourrait se transformer en métier. Encore aujourd’hui, je me lève tous les matins en appréciant le bonheur d’exercer un métier passionnant et prenant.

Quel a été votre « parcours » en équipe jeunes ?
J’ai débuté à Cruas jusqu’en minimes, je suis allé ensuite au club du Teil ou j’ai été champion de France junior Balandrade en 2000.
En 2001, j’ai joué une finale junior Crabos avec le club de Villeurbanne.
Par la suite j’ai été recruté par le de l’AS Montferrand, en tant que stagiaire au centre de formation.

En 2003, comment débarquez-vous à Clermont ?
Suite à mes performances en junior crabos et en équipe de France -18 ans, plusieurs clubs m’ont sollicité afin d’intégrer leur centre de formation dont Clermont ferrand. J’ai choisi ce dernier car la qualité des structures et du suivi sportif et scolaire correspondaient à mes attentes.

Vous y restez de 2003 à 2005, avez-vous joué en équipe première ? Que vous a apporté cette expérience ?
J’ai eu la chance de signer mon premier contrat professionnel avec ce grand club ce qui m’a permis de côtoyer de grands joueurs de classe internationale (Olivier Magne, Tony Marsh, Aurélien Rougerie, Thibault Privas et Gérald Merceron) qui m’ont montré les dures exigences du haut niveau.
Cette dure expérience, à seulement 20 ans, m’a montré que seul le travail et la remise en question étaient le leit motiv de ce métier. Malheureusement, j’ai fait 2 feuilles de matchs en championnat durant ma première année ce qui a été difficile pour moi car je n’ai pas eu l’opportunité de montrer mes capacités.
Donc l’épisode Clermont Ferrand aura toujours pour moi un goût d’inachevé en ce qui concerne mes débuts dans le rugby professionnel.
Parallèlement au secteur professionnel, nous avons réalisé avec l’équipe Reichel des saisons exceptionnelles avec un titre de champion de France en 2004.

Pendant que vous jouiez à Clermont, vous êtes appelé en équipe de France jeune. Est-ce que vous pouvez nous en parler, nous parler des matchs que vous avez joué ?

J’ai eu la chance de participer à toutes les équipes de France jeune (-18, -19,21 ans). Avec comme meilleurs souvenirs un titre de vice champion du monde en -19 ans en Italie contre la Nouvelle Zélande de Luke MC Alister, ainsi qu’une tournée en Afrique du Sud avec des matchs en levé de rideau des tri nations, qui resteront pour moi gravés dans ma mémoire.

Est-ce que ces sélections en jeune vous ont aidé dans votre progression ?
Jouer des matchs de cette intensité et de ce niveau à cet age est toujours porteur de progrès mais le travail qui reste à fournir est encore énorme.

Pendant 7 saisons, vous vous exilez à La Rochelle. Pourquoi ?
Je décide de partir à La Rochelle car je n’avais pas la chance de m’exprimer sous les couleurs auvergnates. Serge Milhas m’a contacté tôt dans la saison en me proposant un projet de jeu intéressant et un temps de jeu me permettant une marge de progression importante.

Vous arrivez à 22 ans en Charente-Maritimes et dès votre première saison, vous jouez 26 matchs sur 30 possibles. Comment l’avez-vous vécu ? Quelle as été votre sentiment ?
Le club rochelais étant en construction avec l’arrivée de 17 nouveaux joueurs et de Serge Milhas l’année précédente, le staff a fait le choix de faire confiance a des jeunes joueurs prometteurs en manque de temps de jeu dans des grands clubs. Grâce à la confiance de l’entraîneur, à ma remise en question et au travail fourni au quotidien suite à l’ASM, j’ai pu enchaîner les titularisations et les performances.

Et puis au fil des saisons, vous deviendrez un cadre de l’ASR avec la montée en Top14. Qu’a représentée cette montée sur un plan personnel ? Et professionnel ?
D’un point de vue personnel cette montée en TOP14 a été l’aboutissement du travail d’un groupe sur 5 années, avec des émotions qui resteront dans mes souvenirs rugbystiques. Faire parti de ce collectif a été pour moi vecteur de fierté de plaisir partagé avec des partenaires qui pour la plupart resteront des amis pour la vie.

La saison dernière, vous ne jouez que 15 matchs. Pourquoi ?
Je n’ai pas su répondre aux exigences du nouveau staff mis en place par le président suite à la descente en ProD2, ce qui m’a poussé vers la sortie après 7 années dévouées au club rochelais.

Comment s’est passé votre départ de La Rochelle ? Il paraît que le club ne comptait plus sur vous, qu’avez-vous ressenti après tant d’années au club ?
J’ai été très affecté et attristé de la manière avec laquelle s’est terminé l’épisode Rochelais. Mais j’ai appris que personne n’est irremplaçable dans le sport de haut niveau malgré des années de bons et loyaux services. J’ai décidé de continuer à écrire mon histoire ailleurs avec comme priorité l’esprit d’équipe et le respect de valeurs qui me sont chères comme le travail, la franchise et la solidarité.

Pourquoi vous être proposé à Béziers, club qui se maintien sur tapis vert. Vous n’aviez pas d’autres propositions ?
J’ai appris tardivement par le staff Rochelais que je n’étais pas conservé. Depuis 7 ans je n’étais pas concerné par le marché des transferts, j’ai découvert que c’était très compliqué pour rebondir dans un club surtout au poste de 3eme ligne.
J’ai quelques touches mais rien de concret, et le club de Béziers c’est présenté suite à mon contact avec Philippe Benetton fin Mai. Le projet m’a tout de suite séduit, malgré l’attente de la décision de maintien.

Vous arrivez à Béziers, on vous promulgue capitaine. Surpris ou un honneur ?
J’arrive début Juillet sur la pointe des pieds à la découverte de ce groupe nouveau. Je m’aperçois que l’équipe est fortement renouvelée ce qui me rappelle mon arrivée à la Rochelle 7 ans plus tôt. Le feeling et l’osmose se crée de suite, les joueurs et le staff m’accueillent les bras ouverts. Je trouve très vite ma place au sein du groupe et on me confie rapidement des responsabilités ce qui me convient et m’aide à être dans un climat de confiance. Le capitanat est vraiment un honneur pour moi. Dans ce rôle la mon objectif est d’être exemplaire sur le terrain et d’être un guide pour les jeunes joueurs.

Quel sont vos objectifs cette saison ?
Remporter le plus de victoires possibles, et sentir une progression au fil des sorties au sein du groupe. J’espère avant tout vivre une grande aventure humaine.

Philippe Benetton a été un grand troisième ligne. Est-ce qu’il vous apporte un peu plus qu’aux autres avants étant donné que c’était son poste ?
Philippe a été un très grand joueur qui véhicule des valeurs qui me sont chères comme le travail, l’abnégation, l’humilité, le combat, la solidarité et le respect d’autrui. A partir de là j’ai tout de suite su que je me retrouvais dans ce qu’il allait mettre en place et que je pourrais travailler dans un climat de confiance et d’échange. Son apport technique est pour moi un avantage, il m’oriente sur des courses et des attitudes. De plus étant capitaine lui aussi à Agen, il m’aide au quotidien dans ce rôle la que ce soit sur et en dehors du terrain.

Quel est votre modèle au rugby ?
Olivier Magne a été un modèle pour moi, de part sa polyvalence et la régularité de ses performances.

Avez-vous une famille ?
Oui J’ai une famille qui me soutient au quotidien.

Est-ce que vous vous êtes bien accommoder de la vie biterroise ? Avez-vous un lieu préféré ?
L’accommodation a été très rapide, J’adore profiter du littoral.

Enfin, un mot pour les supporteurs ?
Soyez patients et indulgents, notre groupe est en construction, il travaille dur au quotidien. La solidarité doit être au rendez vous car il y aura des bons moments mais aussi des moins bons. On a besoin de vous !