Karim Kouider (ASBH) : « Narbonne/Béziers, un incroyable engouement »

06/10/2016

Karim Kouider et ses coéquipiers lors de la rencontre entre l’ASBH et Albi.

Rencontre avec Karim Kouider, le pilier droit de l’ASBH, revenu dans son club formateur après avoir passé de nombreuses années à arpenter les terrains de France. Contexte actuel, fondamentaux, l’expérience acquise, la concurrence, ses impressions sur le club et les objectifs et bien entendu un focus sur le derby qui déchaîne les passions, tout y passe avec Karim Kouider avec son sourire habituel et surtout sans concessions.

« MA CARRIÈRE ? UN LONG VOYAGE ENRICHISSANT »

Il est vrai qu’à 31 ans, Karim Kouider a foulé bon nombre de pelouses sur les terrains du Top 14 et de ProD2. Un cheminement qui l’aura vu porter plusieurs tuniques, lui permettant de connaître diverses aventures humaines et d’évoluer au sein de l’élite professionnelle. Un parcours qu’il décrit comme profitable : « Ma carrière est un long voyage mais ce n’est pas encore terminé ! J’ai encore de belles années qui se profilent, de nombreux exemples comme à Aix-en-Provence un petit club à l’époque où nous avions bien bossé, parfois plus douloureux avec mon passage à Grenoble où j’ai subi quelques blessures sérieuses. Et puis les moments sympas comme le titre la saison dernière avec le LOU pour un joli moment. » Au gré du vent, de fortunes diverses et d’un destin qui parfois vous veut du bien, le villeneuvois aura aussi vu évoluer son sport. L’évolution rude et intense du jeu, les difficultés pour les jeunes de s’intégrer, il porte un regard lucide sur la situation actuelle : « Sur le terrain, c’est plus devenu un sport de collision que d’évitement. Le rugby pro est relativement jeune, nous n’avons pas assez de recul par rapport aux répercussions sur la santé des joueurs. Ensuite, il évident qu’on ne donne pas assez de chance aux espoirs. Les lois actuelles style les accords de Cotonou permettent de recruter des joueurs étrangers à moindre coût. Une réflexion est nécessaire à mon avis, mais quand je vois Baptiste Phalip démarrer le derby vendredi je me dis qu’il y a de place pour tout le monde et je suis très content pour lui. Béziers, contrairement à une autre époque que j’ai connu, laisse sa chance aux jeunes »

Et forcément en parlant de ses coéquipiers, revient sur la table la concurrence. Saine et émulatrice, obligatoire d’après ses dires : « Je ne pourrai pas jouer les 30 rencontres du championnat à moi tout seul ! La rotation est nécessaire. Regardez le match contre Albi, on se rend compte que le banc de touche a été déterminant pour décrocher la victoire. Berny Tokotuu a une grosse expérience du côté d’Aurillac, et Alexandru Tarus a tout de même joué une Coupe du Monde avec la Roumanie. On progresse et on s’entraide ensemble, on échange beaucoup tout comme avec les jeunes Reda Wardi et Zacaria El Fakir. » D’ailleurs dans ce rôle de conseiller, sa venue est tout sauf le fruit du hasard. Manny Edmonds de sa propre réflexion à l’intersaison était à la recherche « d’un papa » pour les avants. Pour épauler les autres cadres de l’équipe : « C’est flatteur, mais j’ai plus le rôle de papa auprès de mes enfants qu’autre chose ! De toute façon, je ne suis pas là pour donner des leçons à qui que ce soit, j’essaye parfois de donner mon avis même si je ne parle pas beaucoup. Parfois il faut temporiser, rassurer et c’est dans ces moments que je dois être présent. Il nous est arrivé durant les matchs de nous emballer et de tenter l’impossible avec des relances malheureuses voire suicidaires. Je me suis permis de donner mon avis et calmer quelques ardeurs surtout quand le score est fait, mais ça s’arrête là. » On l’aura compris, mais sans y paraître, Karim Kouider aura endossé ce rôle important au sein du club, pour encadrer une jeunesse manquant parfois de lucidité.

« IL N’Y A QU’À BÉZIERS OÙ IL Y A UNE TELLE FERVEUR »

Retour aussi sur l’actualité, avec ses impressions sur des Rouge et Bleu flamboyants à domicile mais en difficulté à l’extérieur : « Le mot confiance revient dans les têtes. Mine de rien c’est un collectif qui s’est mis en place depuis relativement longtemps, mais avec beaucoup de jeunesse. On manque parfois de constance et on le paye au prix fort. Le but étant de jouer à l’extérieur comme à domicile et d’aller dans ce sens. » Clairement Béziers joue de manière inégale, et nul doute que l’accumulation des matchs apportera de l’eau au moulin. Passage forcé pour mieux apprendre de ses erreurs. Et quoi de mieux qu’un derby face au meilleur ennemi narbonnais : « Narbonne aura le couteau sous la gorge. Connaissant Christian Labit qui a repris les destinés du club, je sais comment s’est passé la préparation du côté de l’Aude il n’y aura aucune surprise. Ils doivent sortir de la zone rouge mais de notre côté il faut aussi débloquer notre compteur à l’extérieur. » Une rencontre qui attirera la grande foule au Parc des Sports et de l’Amitié où un millier de biterrois est annoncé : « C’est beau de voir un tel engouement, je n’ai pas connu çà ailleurs. Les supporters nous suivent jusqu’à Angoulême c’est pour dire ! Lors des matchs contre Agen et Oyonnax, l’ambiance était magnifique avec la Banda Mescladis et le refrain Les Yeux d’Émilie ! D’ailleurs repris sur tous les autres stades de France comme quoi on fait de bonnes choses à Béziers ! » 

Un apport non négligeable dans le contexte si particulier d’un Narbonne/Béziers. De quoi surprendre le villeneuvois, admiratif devant tant de passion :  » Je n’ai vu ce phénomène qu’à Béziers. Carcassonne c’était pas trop çà, au LOU c’était plus spectateur par exemple. » Il y aura donc de l’ambiance dans les tribunes vendredi soir, avec des couleurs, du bruit et de belles sensations que seul nous procure le rugby. Pour conclure cet entretien, Karim Kouider qui sera titulaire à la droite de la mêlée biterroise face à Narbonne, nous donne son avis sur l’avenir du club et ses aspirations :  » Il faudra être constants pour envisager une qualification (l’objectif avoué du club). La ProD2 est un marathon, tous les fins de semaines réservent son lot de surprises. Il suffit de regarder le parcours des promus pour s’en persuader. Restons concentrés sur nous, évitons les blessures qui peuvent perturber l’effectif. Et puis souhaiter que le public réponde toujours présent pour le reste de la saison ! » De belles paroles qui souhaitons-le seront exaucées durant le championnat. Premier élément de réponse, vendredi contre Narbonne, curiosité et impatience seront les maîtres-mots de ce derby prometteur.

 

Propos recueillis par Rémy Rugiero