Chronique de la Rambarde : la montée en régime de l’ASBH

10/08/2018

Charly Trussardi et ses avants face aux puissants Montpelliérains

Affiche attrayante hier soir du côté de Sauclières entre Biterrois et Montpelliérains. Si les esprits chagrins argumentaient la proximité de la reprise du championnat et le risque de blessure sur cette confrontation, les supporters présents ont pu constater les progrès affichés par les Rouge et Bleu notamment dans l’état d’esprit et quelques séquences maîtrisées. De bon augure pour entamer la compétition qui approche. Morceaux choisis.

IMPLICATION GÉNÉRALE

La réception des vice-champion de France fut annoncée tardivement dans une préparation haletante et tournée résolument vers le meilleur pour la double réception à venir à la Méditerranée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est le constat d’une montée en régime des Biterrois au fur et à mesure des matchs amicaux. Encore hier soir, la part belle à une défense généreuse et collective, qui ont fait frémir à plus d’une reprise la tribune bondée de Sauclières, apportent des garanties sur un certain état d’esprit. Face aux Cistes venus se jauger pour la première fois de la saison, Béziers devait élever son niveau de jeu. Pour se rassurer et éviter une éventuelle fessée face à l’armada alignée d’entrée de jeu par Vern Cotter. Le contrat est rempli même s’il conviendra d’analyser quelques secteurs encore déficients notamment dans le domaine de la discipline. La première période démontra rapidement la volonté de l’ASBH de répondre présent. Un peu trop parfois, à la limite de l’engagement. De quoi surprendre le MHR qui trouva ainsi une réplique à l’ancienne en quelque sorte. L’arbitre ayant sanctionné à de multiples reprises les fautes répétées, Jérôme Porical et Api Nawaqatabu étant invités à rejoindre le banc 10 minutes pour des fautes dont les locaux auraient pu se passer. Mais l’essentiel encore et toujours était ailleurs.

Le score de (17-13) en faveur des visiteurs à la pause, est le fruit d’une belle et farouche résistance des hommes de David Aucagne et David Gerard. Si les premiers furent les Montpelliérains à dépoussiérer le tableau d’affichage par Ruan Piennar, Charly Trussardi son homologue à la mêlée à l’origine et à la conclusion d’une action rondement menée viendra démontrer l’abnégation et les initiatives des Rouge et Bleu. Après un remarquable exploit personnel de François Steyn qui passera en revue pas moins de 5 défenseurs Biterrois pour inscrire un essai personnel, deux coups de pieds de Porical avant un essai en bout de ligne de Gabiel N’Gandebe pour le MHR donneront au score un équilibre encore incertain. De quoi tenir en haleine Sauclières et la Banda Mescladis, une répétition générale avant la féria qui s’annonce aujourd’hui. Si la mêlée fut en difficulté logiquement sur le premier acte, la touche et les ballons portés furent de qualité. Les semaines se suivent et se ressemblent dans ces secteurs de jeu. Après les multiples changements de part et d’autre, le rythme de la rencontre se stabilisait et donnait une agréable sensation de plaisir avec un suspens préservé malgré le caractère amical des débats. Quelques échauffourées inutiles feront monter la température. Toutefois on peut déplorer quelques plaquages à l’épaule à retardement qui ne s’imposaient pas et qui auraient pu coûter bien plus cher à l’endroit des Biterrois. Qu’importe puisqu’on vous dit que la priorité était bel et bien ailleurs.

LE GESTE DISPROPORTIONNÉ D’ALIPATE RATINI 

Mais parfois à trop se laisser aller dans la générosité et la saine agressivité, certains joueurs sortent du cadre. Comment ne pas évoquer le carton rouge grotesque d’Alipate Ratini. Auteur d’une pré-saison de qualité, ce garçon est venu gâcher sa préparation sur un plaquage cathédrale aussi stupide que dangereux. La sanction sera lourde et méritée, de quoi méditer sur son geste, pénalisant tout un groupe des efforts fournis. David Aucagne n’en démordait pas dans les vestiaires : « Je suis plutôt énervé de son carton rouge. Les autres joueront à sa place, tant pis pour lui. » Néanmoins, le coach Biterrois retient l’investissement de son groupe qui lui a apporté des réponses pour la suite : « Je retiens qu’on est restés dans la rencontre. Nous avons relevé le défi avec notre jeunesse qui fait plaisir. On a encore perdu ce qui me chagrine, mais le caractère que l’on a démontré arrive au bon moment avant de recevoir Angoulême qui sera un match très compliqué à la maison. » Au final, une défaite encourageante 24-20 pour les visiteurs malgré quelques occasions proches de la ligne des hommes de Vern Cotter. Béziers rate de peu une victoire de prestige qui aurait ravi le public présent et entretenu l’hégémonie du département l’histoire d’un soir. Pour autant, l’ASBH a convaincu sur la façon d’aborder l’événement. Clairement la jeune garde aura marqué des points. Quentin Samaran, Dorian Marco-Pena, Karl Wilkins, Jean-Baptiste Grenod, Charly Trussardi, Maxime Espeut, Carl Vuillecard et Lucas Gullizi auront contribué grandement à la qualité des débats. Une fierté d’admirer cette jeunesse prendre le pouvoir et s’inscrire dans la durée pour apporter d’éventuelles solutions dans les semaines à venir.

L’intersaison s’achève donc sur 3 défaites face à Nevers, Agen et Montpellier. Pas de quoi sourciller ou s’inquiéter outre mesure. La montée en régime est perceptible. De nombreux détails restent à résoudre afin d’imbriquer au plus vite les dernières recrues. Si certains sont en avance, ce n’est pas encore le cas pour tout le monde, et le travail du staff devrait corriger le tir. Ce duel face au MHR est finalement tombé au meilleur des moments pour toucher du doigt l’écart face à l’une des grosses écuries du Top 14, mais également pour se persuader qu’avec une envie décuplée et une solidarité sans faille, l’ASBH pouvait continuer et entretenir la fin de saison dernière. Benjamin Desroche le seconde ligne Biterrois le concède : « Dans l’engagement et l’adversité nous avons été présents. Je suis bluffé par la rentrée des jeunes qui ont mis du panache dans cette rencontre. Du coup il y a une véritable osmose qui s’est créée. Contre Nevers c’était moyen, face à Agen pendant 60 minutes c’était correct. Hier soir nous avons encore perdu, mais nous sommes parvenus à rivaliser ce qui était le plus important à nos yeux. » Les applaudissements nourris au coup de sifflet final viendront clôturer cette belle soirée qui en appellent d’autres. Et tout ce beau monde devrait converger pour le premier rendez-vous très attendu face à Soyaux-Angoulême vendredi prochain.

Rémy RUGIERO