Chronique de la Rambarde : l’ASBH tout proche de rafler le derby

10/10/2016

Elijah Niko, l’ailier biterrois tout proche d’inscrire un essai face aux audois

Le coup de sifflet final est donné par Mr l’arbitre Ludovic Cayre. La sirène vient de retentir et Clint Eadie le centre narbonnais vient porter l’estocade sur une ultime pénalité. Le soulagement était de mise pour les hommes de Christian Labit et le Parc des Sports et de l’Amitié. Les têtes basses et frustrées du côté des visiteurs à juste titre. Clairement, les biterrois n’auraient pas volé le gain de la rencontre, en quasi-infériorité durant toute la partie, Captain Battye et les siens ayant retrouvé, loin de leurs bases, des vertus morales pour échouer de peu sur un exploit à portée de main. Épilogue d’un derby décidément pas comme les autres.

 

NARBONNE MONOPOLISE, BÉZIERS S’ENLISE

Dans une ambiance très bruyante où les supporters biterrois auront donné de la voix toute la rencontre, il était dit que cette rencontre, une fois n’est pas coutume, allait s’inscrire dans le registre des derbys dont on parlerait encore dans quelques saisons. Pas sur la qualité intrinsèque des débats de bonne facture sans pour autant être un modèle du genre, mais par les faits qui l’auront animé. D’entrée, Narbonne aura marqué son territoire. À coups de casques et de nettoyages bien appuyés, les audois démontrant ainsi leur motivation et l’envie de se faire pardonner un début de saison particulièrement inquiétant. L’essai  précoce de Plessis-Couillaud symbolisait cet état de fait. Durant de nombreuses minutes, Béziers subissait les vagues sans pouvoir inverser la tendance. Pourtant, une décision arbitrale changera la donne. Numériquement d’abord, après le carton rouge plutôt sévère à l’encontre  de Lua Lokotui le seconde ligne héraultais. Il suffit d’observer la réaction de l’intéressé pour ne pas être dubitatif sur les raisons d’une telle sanction. Le match ne sera plus le même, mais pas dans le sens où l’on s’y attendait. À partir de cette décision, jugée injuste par tout le peuple biterrois y compris l’environnement du club, Béziers se remit en ordre de marche et malgré une situation encore plus inconfortable à 13 contre 15, les Rouge et Bleu tenaient bons face à des narbonnais peu inspirés. 7/6 en faveur des audois à la pause, l’ASBH allait t’elle tenir encore longtemps ?

Un sentiment parcourait toutefois les tribunes. Il était clair que les hommes de Manny Edmonds  et Romain Carmignani, outre une défense organisée, intelligente et agressive, possédaient les armes et les solutions pour venir contrarier les plans audois. C’était perceptible car certains comportements ne trompaient pas. Tant décriée sur les derniers déplacements, l’équipe était soudée dans cette adversité ambiante jusque dans les tribunes. Ces moments qui vous donnent l’adrénaline supplémentaire pour créer des choses insoupçonnées. Et c’est sans surprise que Sébastien Max en bout de ligne, viendra fructifier une belle attaque parfaitement orchestrée par les lignes arrières. Le public Orange et Noir n’en menait plus large face à des biterrois déchaînés. Nous ne boudions pas notre plaisir dans ces instants, où faut-il le dire nous aimions être dans ce rôle de victime envers et contre tout. Les fondamentaux ayant également retrouvés un peu plus d’ampleur, ajouté à un coaching favorable et vous aurez tous les éléments pour construite une improbable victoire. Oui mais.. dans la tourmente et la pression générale, le roseau fini par rompre. Après quelques erreurs parfois anodines, certains mauvais choix furent immédiatement transformés en points par les hôtes de la soirée. Et les certitudes qui s’envolent quand vous êtes proches d’un authentique exploit à 14 contre 15 durant presque une heure de jeu. Sacré rugby !

UNE DÉFAITE ? DE QUOI TENDRE VERS LE MEILLEUR

Ces derniers instants furent particulièrement pénibles. Par le résultat, la dramaturgie du score et les efforts fournis pour finalement repartir avec un maigre lot de consolation qu’attribue le point de bonus défensif. Narbonne aura gagné les 4 points, Béziers aura gagné l’estime de soi et de ses supporters. Pas intéressant comptablement diront certains, mais bigrement utile pour la suite. Des oppositions de ce style dans une telle adversité seront fédératrices dans l’avenir pour ce groupe. La fierté qui en découle malgré l’échec vaut parfois bien des victoires. Dans ce monde parfois aseptisé du professionnalisme, il y a des défaites encourageantes et porteuses d’espoirs. Malgré quelques couacs perceptibles, notamment dans l’alignement biterrois et la gestion des moments faibles, il ne serait pas faire injure aux hommes de Christian Labit d’annoncer que si l’ASBH avait triomphé vendredi soir, nul n’aurait crié au scandale. C’est dans cette équation multiple et trébuchante que se trouvent certaines solutions. De quoi donner des idées à un staff biterrois déçu par le résultat mais rassuré quant à l’implication des troupes, encore fallait-il qu’il en doute, ce qui n’était pas le cas. Encore une fois le coup n’est pas passé loin et ce 7 Octobre restera tout de même un mauvais souvenir pour tout un chacun qui aura effectué ce court déplacement. L’hostilité de circonstance, que nous n’énumérerons pas car il serait inutile de rajouter de l’huile sur un feu déjà éteint, aura surtout permis aux biterrois de se sublimer. Et c’était principalement cela que l’on attendait.

Mais ce championnat impose la réactivité. Pas le temps de pleurer sur son sort ou pester contre les éléments, rien n’y changera c’est la loi du sport. Béziers a ramené son premier point à l’extérieur et se cale tout de même dans les hauteurs du classement. Signant au passage un meilleur début de saison en comparaison à l’année dernière en termes de points pour les derniers irréductibles qui chercheront encore des failles sur la progression des Rouge et Bleu. Quoi de mieux qu’un derby supplémentaire, le dernier de la phase aller, pour évacuer cette frustration palpable et montrer son meilleur visage. L’USAP viendra rendre visite aux biterrois jeudi prochain, encore un jour de diffusion tout simplement ubuesque et révélateur que les instances se moquent éperdument de l’avis général au détriment du rugby. L’occasion de prouver pour l’ASBH, qu’elle aura grandi dans la défaite et trouver des circonstances favorables pour embrayer la marche avant et renverser des catalans plutôt malmenés actuellement. Et puis en forçant le trait, pour grimper un peu plus dans la hiérarchie et rester invaincus au sein du Stade de la Méditerranée l’un des objectifs avoués de cette saison. La semaine sera forcément studieuse, focalisée sur certains détails qui devront faire mouche face à des Usapistes qui viendront faire le déplacement sans aucune pression. D’ici là le public biterrois et sa Banda fétiche se remobiliseront sans hésitation, contre vents et marées pour porter davantage les siens vers le succès.

Rémy RUGIERO