Chronique de la Rambarde : Béziers à bout de souffle..

30/03/2019

Pas invités dans le jeu, balbutiant ses rares possessions, acculés dans leur camp, l’ASBH n’a pas existé face aux Angoumoisins surfant sur leur dynamique. Dans la lignée d’une prestation sans relief face à Biarritz dimanche dernier, les Rouge et Bleu se compliquent la tâche dans le sprint final, délaissant par la même occasion les six premières places. Des inquiétudes sur le contenu et le timing, les Biterrois sont dans l’impasse et pourraient laisser filer définitivement le bon wagon à ce rythme.

PLUS DURE LA CHUTE

Très vite, la destinée de cette rencontre semblait entendue. Remportant les duels, circulation du cuir idéale, surnombres créés sur des lancements vifs, le SAXV récitait la panoplie d’une formation en pleine confiance, ne doutant pas de son rugby et de ses intentions. Les vagues Charentaises s’abattaient sur un rideau défensif Héraultais plus que jamais sollicité. Et qui vacillera sur les coups de butoirs proposés. Sur des ballons de récupération, dans l’alternance et la variété proposée, les Angoumoisins ont dominé le premier acte sans bavures. 4 essais de belle facture qui viendront garnir un tableau d’affichage déjà conséquent à la pause (28-0). Une rengaine du côté de Chanzy, où les Biterrois ont décidément quelques soucis pour exprimer leur jeu dans ce coin de France. Mais au-delà des analyses primaires, c’est bien des comportements qu’il convient de mettre en exergue. Vulgariser cette incapacité sur les sorties de camp à gagner du terrain, absence de liant dans la conservation, une communication illusoire sur le replacement défensif (notamment sur l’essai de Guillaume Laforgue, le 3 ème). Sans inspiration, Béziers n’est jamais parvenu à se défaire de l’étau adverse, excepté une combinaison dans le couloir entre Jérôme Porical et Wesley Douglas et dont le prolongement au pied à l’endroit d’Arnaud Pic aurait pu être profitable. Insuffisant bien sûr dans le souhait d’une inversion des faits, loin d’un SAXV sublimé par l’enjeu.

Après le retour des joueurs sur le pré, Béziers aura résisté aux assauts répétés des Angoumoisins, balayant les 22 mètres de l’ASBH durant une vingtaine de minutes sans discontinuer. Comme contre les Basques la semaine dernière dans un registre proche. Cette fois-ci, les Rouge et Bleu n’auront jamais cédé malgré deux possibilités offertes en bout de ligne à Pierre Lafitte. Maigre consolation pour des Héraultais dominés territorialement comme rarement vu cette saison. Malgré une action près de la ligne Charentaise, Thibauld Suchier sera propulsé en touche sur un renversement d’attaque. Et puis c’est tout, RAS, on cherche encore les situations offensives digne de ce nom. Délicat pour un prétendant à la qualification. Au final, un deuxième acte long à suivre, pauvre en terme de réplique avec un banc de touche assez expérimental face aux nombreuses absences affectant les Biterrois. 28-0 un score sec, sans fioritures, exprimant un certain malaise dans l’attente d’une réaction après l’échec douloureux subi face à Biarritz. Et d’en conclure que les esprits n’avaient pas digéré ce couac dans ce laps de temps. Si la touche obtiendra les encouragements, tout comme l’énergie déployée pour ne pas sombrer et friser l’indécent, Béziers s’enlise dans son jeu et au classement. C’était la principale information de la soirée.

ÉVITER UN GÂCHIS CONSIDÉRABLE

Comment une situation encore heureuse il y quelques journées, a t’elle pu s’inverser négativement ? L’infirmerie ne donne aucun signe d’encouragement. Timothée Lafon, Marco Pinto-Ferrer, Karim Kouider, Benjamin Desroche, Mathias Marie, Jonathan Best, Éloi Massot, Kelly Meafua, Maxime Veau, Morad Touizni, Roméo Ballu et Pierre Bérard. Des joueurs à divers stades de récupération, de retour où d’absences longue durée. Notamment chez les avants sollicités ces derniers temps. Une profondeur moindre pour le staff qui doit être soulignée. Le quotidien de tous les clubs mais dont Béziers relativement épargné cette saison (excepté la 3 ème ligne décimée une époque) paye un lourd tribut actuellement. Des jeunes pousses émoussés physiquement, enchaînant les performances en y laissant du jus et de la vitalité. On pense à Karl Wilkins, Thomas Hoarau, Tomas Munilla et bien d’autres qui effectuent encore leur apprentissage et qui progressent sans complexe. D’autres voix évoquent l’absence d’un joker, d’un joueur supplémentaire en cours de saison pour soulager un effectif parfois à flux tendu et renforcer l’effectif. L’absence de fond de jeu, en comparaison avec des équipes produisant des séquences interminables, où comment l’ASBH régresse au fil des semaines dans l’utilisation et les franchissements. Lisibles et attendus, les trois-quarts héraultais sont en crise de confiance (13 ème attaque du championnat).

Des griefs utiles pour être soulevés, dans la perspective d’y trouver des solutions à l’aune d’une fin de championnat tout proche dans sa conclusion. Le fait que la dynamique n’est plus la même que celle de la saison dernière, dans la ferveur, les attentes. Les réactions fusent, dures et empreintes d’une colère de fond à la vue des espérances données au cours de cet exercice. Dans le respect aussi, c’est plus agréable pour tous. Il reste 4 rencontres, aucun répit ne sera accordé aux Rouge et Bleu. L’ASBH paye son manque cruel de bonus récoltés sur tous les terrains (4 soit le plus mauvais total du ProD2), malgré un bilan de victoires assez éloquent (seul Bayonne avec 16 succès dépasse les Héraultais). Un contraste qui colle à la peau de Béziers, capable de vaillance et courage pour colmater des carences offensives. Une qualification passera par un redressement immédiat, sous peine de connaître une désillusion immense et vivre une intersaison délicate.

Rémy RUGIERO